Le marchand de fessées
de Pierre Gripari, Claude Lapointe (Dessin)

critiqué par JulesRomans, le 8 juin 2013
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Les fessées attaquent
Voilà un texte qui commence par deux pages largement incompréhensibles par des élèves du primaire, qu’on en juge tout d’abord sur ce qui qualifie les fessées :

« Il en est aussi de méchantes, de piquantes, d’agressives, de cruelles, de blagueuses, de chahuteuses, d’emphatiques, de déclamatoires, de perverses, de compliquées, de fatiguées, de mornes, d’endormies, de distraites, d’appliquées, de méticuleuses, de ronflantes, de martiales (…) »

Et l’on verra que les références culturelles ne manquent pas de mettre les jeunes en échec :

« D’autres disent que la fessée commence à Sumer, à l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate, ou encore sur les bords de l’Indus ».

Ici la fessée est présentée comme un oiseau particulier et un homme maléfique incite les enfants à commettre des bêtises ou invite des jeunes à un spectacle pour les mettre en situation de recevoir des fessées administrées par ses oiseaux de malheur. Toutefois le plaisir qu’il prend à contempler les ailes des volatiles s’abattre sur les pauvres derrières d’enfant se retourne contre lui. Ayant attiré l’attention sur lui, il voit les oiseaux abandonner leur premier objectif pour se tourner vers ses propres fesses.

Les enfants qui ont été jusqu’à la fin de l’ouvrage de leur plein gré (ou fortement poussé par un adulte) goûtent là la récompense de voir un adulte recevoir une série de fessées. L’illustration prend des couleurs de documentation de muséum au départ et elle garde cette tonalité de fin de XIXe siècle jusqu’au bout.

Cet ouvrage a connu une première édition en 1980 et il a été de nombreuses fois réédités car son titre renvoie à un imaginaire certain, il aurait pu toutefois être développé de façon un peu plus fantaisiste. D’expérience le jeune lecteur de 8-10 ans s’ennuie et s’il termine l’ouvrage c’est parce qu’il saute de nombreux passages indigestes. Au-delà de dix ans le texte est compréhensible mais ne répond plus à l’intérêt du lecteur.