Les métamorphoses de Dieu: Des intégrismes aux nouvelles spiritualités
de Frédéric Lenoir

critiqué par AmauryWatremez, le 5 juin 2013
(Evreux - 54 ans)


La note:  étoiles
La religion : coaching spirituel ou foi ?
Alors que le divin a très longtemps constitué une part prépondérante du lien communautaire et social dans la société occidentale, la révolution anglaise, puis américaine et française, le rationalisme et la philosophie des "Lumières" ont amené à la remise en question de la place de la religion dans la cité. Au "Nord" de la planète, les religions traditionnelles sont en perte de vitesse un peu partout, les catholiques réellement pratiquants réguliers (qui vont à la messe tous les dimanche, contrairement aux critères des instituts statistiques qui comptent ceux qui y vont au moins une fois par mois) ne sont plus que 1 ou 2% des croyants, le judaïsme se libéralise à grandes enjambées, mais seulement pour quelques minorités, ainsi que le protestantisme et l'orthodoxie qui subissent la même crise des vocations que l'Église catholique. Seules les religions chrétiennes plus sensibles, plus basées sur l'affectif, comme les évangéliques, semblent progresser rapidement. Il apparaît qu'une conception très neuve de l'Islam a remplacé le socialisme comme "utopie" révolutionnaire dans la plupart des pays en développement.

La foi devient une affaire totalement individuelle, une partie de gymnastique plus ou moins spirituelle, dans une espèce de grand syncrétisme, et subit également la notion de rentabilité. Elle doit permettre de se "sentir bien"sans que cela n'engage plus, en couple, en famille, et d'être ainsi performant dans son travail au service joyeux du libéralisme et du marché, comme en témoigne ces séminaires de mouvements de réflexions catholiques et protestants expliquant doctement que l'on ne doit pas avoir peur de l'économie (on peut voir telle famille propriétaire d'un grand groupe industriel sponsoriser un journal chrétien réputé "traditionaliste") car bien sûr, les notions de charité et de compassion sont considérées comme, ou bien secondaires, ou superflues. On se défaussera en disant que la religion chrétienne n'est pas "sociale", certes, ce n'est pas une idéologie mais on ne compte pas depuis le début du christianisme les congrégations et groupes de croyants au service des pauvres.

On notera que le même phénomène apparaît pour l'Islam avec les "télémollahs" égyptiens. En Occident, pour la majorité, la religion devient aussi un indicateur de réussite sociale : par le mariage devant monsieur le curé, la plupart du temps, on se contente d'une bénédiction, suivi des baptêmes et profession de foi des enfants...

Quand quelqu'un, que ce soit le Pape ou un patriarche, ou encore un pasteur luthérien ou calviniste, rappelle que la foi ce n'est pas ça et que si des rites existent ce n'est pas pour opprimer, il se fait immédiatement traiter de réactionnaire. La croyance en Dieu bute contre le nihilisme tranquillement individualiste de nos sociétés, celui de ceux qui n'ont pas à combattre pour leur liberté ou leur bien-être et l'ont oublié, contre l'égoïsme tout-puissant qui la corrompt parfois également. Enfin, on constate que la rébellion contre le système sociétal dit occidental et son iniquité fondamentale, qui conduit tout droit la planète à sa destruction, car ce n'est pas les politiques et leurs décisions confortables qui y changeront quoi que ce soit, encore moins les consommateurs, est surtout théorique car personne ne le remet en cause à la base.