Soleils noirs
de Joseph Wambaugh

critiqué par AmauryWatremez, le 28 mai 2013
(Evreux - 54 ans)


La note:  étoiles
Soleil noir du polar
Le long du zinc de "La Maison des souffrances", le bar de Leery, un irlandais rougeaud, s'alignent le "Tchèque-en-bois", sorte de colosse retardé, Jane, la femme-flic qui l'est comme on embrasse une vocation, "Ronald-le-Fripé" pas très loin de partir à la retraite qui en paraît ravi mais qui ne sait pas ce qu'il en fera et Mario Villalobos, l'inspecteur de la "Rampart Division". Ils tabassent quelques petits délinquants de temps en temps, se saoulent pour voyager en esprit, et résolvent quelques énigmes. Tous sont flics qui croient encore en leur mission mais acquièrent au fil du temps un cynisme qui devient comme leur carapace. Ce livre montre des flics réalistes, humains et ambigus.

Ce ne sont pas des héros, ce ne sont pas des ratés, ou des pourris, juste des êtres humains avec leur contradiction. On pense à certains feuilletons télévisés. Ce livre n'est pas non plus "Hill Street Blues", une histoire de flic "sitcomisée", mais ressemble plutôt à "The Shield" ou "Oz" pour la présentation ultra-efficace de la violence, la qualité de l'observation des personnages. Et l'on s'aperçoit que le genre est également à même que des analyses fines de sociologie "savante" de décortiquer les maux, les tares de la société moderne : l'hypocrisie, la veulerie, la solitude des rapports humains, l'absence de simple compassion. On sait que c'est Wambaugh qui a sauvé vraiment Ellroy de la mort, de la folie, de la misère en lui donnant l'envie de raconter lui aussi l'envers du décor social.