Les poèmes possibles de José Saramago

Les poèmes possibles de José Saramago
(Os poemas possíveis)

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie , Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Septularisen, le 21 mai 2013 (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans)
La note : 8 étoiles
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«DE MOI A L’ÉTOILE UN PAS ME SÉPARE»

Bien avant de devenir le grand écrivain connu et reconnu dans le monde entier et d’être le lauréat du Prix Nobel de Littérature 1998, le Portugais José SARAMAGO (1922-2010) fut d’abord un poète. Ce livre bilingue (très bien restitué par la magnifique traduction de Mme. Nicole SIGANOS), rassemble donc les premiers poèmes du Portugais traduits pour la première fois en France, peu après l’attribution du Nobel.
Publiés pour la première fois en 1966, «Os poemas possíveis» est le premier recueil de l'écrivain, (il publiera par la suite deux autres recueils de poésie, toujours non traduits en Français, au jour d’aujourd’hui…) et dont le titre «Les poèmes possibles», illustre bien le contexte durant lequel ce recueil paraît, à savoir la dictature militaire.

C’est une poésie simple et accessible, avec de nombreuses métaphores, mais qui contrairement aux oeuvres en prose de l'auteur comporte de nombreuses virgules et signes de ponctuation pour «guider» le lecteur à travers ses rimes. Elle est précise, sobre, élégante et aborde des questions simples que l’on se pose tous les jours. Comme sa prose c’est une poésie expérimentale, sans cesse renouvelée. L’auteur nous donne à voir sa vision de la poésie, insaisissable, intarissable, il nous ouvre de multiples portes à travers les grands thèmes qui reviendrons ensuite dans toute son œuvre.

On retrouvera ainsi tour à tour le voyage : «Mais avancer un pied n’est pas voyager», la mer : «Ou mer haute coagulée de navires», la nature, la vie et la mort «De la naissance à la mort as-tu gagné tous les jours ?», l’histoire : «Je n’ai pas prêté serment, mais j’ai trahi », la solitude : «J’ai déjà mastiqué de la solitude», la pluie, les étoiles…
Et bien sûr les grands «jalons» de son œuvre : La mythologie . «Aphrodite est née, naît ton corps», Dieu : «Le pouce de Dieu qui m’étouffe», Jésus : «Sans Judas, Jésus ne serait pas Dieu», le désir : «M’encercler de désir aux heures mortes» et surtout les femmes : «Le goût acidulé de ton sein», les femmes : «Où tu attises le désir que j’ai allumé», toujours les femmes «Les roses que tu portes dans ton sein», et encore les femmes «Sont–elles, de toi, les lunes de ton sein?»…

Des espaces, des mondes tous plus étranges les uns que les autres, à découvrir, à conquérir, une leçon d’espoir, de vie…

Mais comme toujours laissons maintenant « parler » celui qui sans doute parle le mieux de sa poésie, à savoir l’auteur lui-même.
Voici donc tire du recueil Jusqu’à la racine («Até ao saburgo») le poème «Il doit y avoir…» («Há-de haver… ») :

Il doit y avoir une couleur à découvrir,
Un assemblage de mots cachés,
Il doit y avoir une clef pour ouvrir
La porte de ce mur démesuré.

Il doit y avoir une île au Sud,
Une corde plus tendue et résonnante,
Une autre mer qui nage dans n autre bleu,
Une autre hauteur de voix qui chante mieux.

Poésie tardive toi qui n’arrives
A dire pas même la moitié de ce tu sais :
Ne te tais pas, si possible, ne renie pas
Ce corps de hasard où tu ne tiens pas.

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