Mammouth
de Antonio Pennacchi

critiqué par CHALOT, le 12 mai 2013
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Au cœur de la classe ouvrière
Supercavi est une usine qui fabrique des câbles....
Pendant vingt ans, Benassa a animé, mené toutes les manifestations, occupations, opérations coups de poing, à la tête de « ses » hommes... Il est le dirigeant naturel, respecté et aimé des ouvriers et craint du patron... Tout a été fait pour l'acheter, afin qu'il devienne un bon contremaître et qu'il se taise.
Rien n'y fait.
Au début, avant le choc pétrolier, ce sont les années fastes, « tout est à nous »
A chaque fois qu'une revendication est posée, le combat s'engage et le résultat finit par arriver, positif, malgré la rudesse parfois de l'engagement.
L'Union soviétique est débout, le parti communiste italien encore vigoureux, les syndicalistes et politiques comme Benassa ont l'espoir de construire un nouveau monde avec cette classe montante, la classe ouvrière.
L'auteur nous entraîne dans la vie sociale de l'entreprise, au temps où l'unité syndicale était réalisée et où à la base , au comité syndical, ce sont ceux qui sont en lutte qui décident même si les appareils au-dessus ne sont pas d'accord.
Le lecteur intéressé, capté même, participe aux blocages des routes, aux affrontements avec les automobilistes, pressés de repartir.... Qu'importent les risques, on est tous ensemble, on est le socialisme en marche.
Beaucoup d'ouvriers ont eu leurs pères qui travaillaient aussi à l'usine, c'était le bon temps, difficile, certes mais où aucun nuage noir ne s'annonçait.....
« C'était un bon père, disait Cesare. Il ne nous a jamais fait manquer de pain, de taloches, ni de lait. Non, pas un seul soir. »
Les temps deviennent plus difficiles, la crise s'installe avec la concurrence internationale, l'automatisation.... Malgré tout, l'usine résiste et des combats qui devaient se solder par un échec réussissent à faire reculer les échéances.
C'est ainsi que Benassa entraîne les troupes vers une centrale atomique.... Il s'agit de se faire connaître en espérant que la police viendra pour s'opposer aux ouvriers en colère, on ne va quand même pas pouvoir entrer !?.... Eh bien non, ils vont occuper une centrale non surveillées et il leur faudra attendre plus d'une heure 30 avant d'apercevoir des képis.
Tout a une fin, ou presque.... Benassa est convoqué par le nouveau patron -un de plus- une proposition lui est faite.... Va-t-il accepter l'offre qui lui est faite, sans se renier, ni décourager ses compagnons ?
Le drapeau rouge semble remisé, les temps ont changé, le patron ne veut plus de cet « empêcheur », les syndicats aimeraient bien négocier en paix sans avoir à gérer Benassa.... Lui-même en a assez.
Le style de l'auteur est incisif.... L'atmosphère chaleureuse du milieu ouvrier et de l'usine en perpétuelle effervescence est décrite avec goût et humour....
 
Jean-François Chalot