Le relais d'Alsace de Georges Simenon

Le relais d'Alsace de Georges Simenon

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Macréon, le 28 février 2003 (la hulpe, Inscrit le 7 mars 2001, 90 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 104ème position).
Visites : 5 902  (depuis Novembre 2007)

Simenon a-t-il un style ?

J'ai découvert Simenon au pensionnat, il y a longtemps, à l'étude du soir. Le surveillant faisant semblant de ne pas me voir lire.
Mon premier Simenon était le Relais d'Alsace. J’ai immédiatement accroché : une petite musique, des personnages attachants, familiers, une façon de décrire les situations, le déroulement de l'intrigue , avec simplicité et même avec naïveté.
Simenon a fait ce roman à bord de l'Ostrogoth, amarré au quai d'Anjou à Paris,en 1931, il n’avait pas trente ans.
A partir du relais d'Alsace, captivé par ses personnages féminins comme Gredel et Léna, les petites serveuses , Monsieur Serge et son passé sulfureux, j'ai dévoré en quelques années plusieurs dizaines de Simenon. Pas tellement les Maigret que je ne sous-estime pas. Mais les romans “durs “ comme La neige était sale ( un sommet de tristesse), Pedigree, Je me souviens, Lettre à mon juge (qui m'a stupéfié), Ceux de la soif, Le bourgmestre de Furnes, La vérité sur Bébé Donge et autre recueils de nouvelles où Simenon excelle.
Dans le Relais d’Alsace, l’érotisme, l’importance du sexe dans les rapports humains sont omniprésents, mais comme assourdis. C 'est une des constantes de son oeuvre. Simenon ne craint pas de frôler parfois la limite de la platitude et de la banalité, mais le récit poursuit son cours, à l'économie, mettant en scène des êtres de chair et de sang, avec leurs pulsions élémentaires, jalousie, joies mêlées de tristesse, attirances et répulsions ,lâcheté, nonchalance, conscience morale à fleur de peau. Personnages qu'on n’oublie pas parce que simples, proches de nous-mêmes, rarement haineux, humains, presqu'abouliques, fatalistes mais assumant leur condition envers et contre tout.
Pierre Assouline vient de déclarer qu’il est impossible de percer le mystère de la création de Simenon. Le cinéaste Chabrol parle de son style invisible. La construction de ses livres est beaucoup plus savante qu’on ne le croit: sens du rebondissement presqu'à chaque page, intrigue pas si simpliste que cela mais qui ne donne pas la migraine, suspense policier souvent mais ce n’est pas l’essentiel. L'originalité de cet auteur se trouve dans la manière humaine et chaleureuse de camper ses héros et héroïnes confrontés à des situations inattendues, difficiles ou simplement cocasses. La rencontre de ses personnages en face du Destin.
C’est-à-dire la brusque bifurcation d'une vie dans l’inconnu ou le hasardeux, dans le malheur ou l’échec, rarement le bonheur ou même l’espoir.
Il n’y a pas beaucoup d'enthousiasme ni de ciel bleu dans les ouvrages du romancier.
Chacun sait que le style de Simenon est très cinématographique: sa caméra invisible explore lentement et méticuleusement les lieux, les visages, les mobiles cachés de ses personnages, leurs réactions instinctives. Le décor est décrit par petites touches successives: feuillages, chalet, montagne, cols, contreforts de la Forêt Noire, sentiers, villes et bourgades environnantes. Le temps: ciel gris ou plombé, la vallée, le brouillard s'élevant comme des fumées.
Sciemment, Simenon répète souvent les caractéristiques physiques ou de comportement de ses protagonistes. Il les répète pour notre confort, pour graver ce qu'il écrit dans la mémoire de ses lecteurs. C’est pourquoi on dit souvent que les acteurs de ses livres sont inoubliables.

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Pas du meilleur cru!

6 étoiles

Critique de Pierrot (Villeurbanne, Inscrit le 14 décembre 2011, 72 ans) - 24 mai 2017

Ce Relais d’Alsace en demi-teinte a encore un peu les essences des avant Simenon où le romanesque l’emporte sur la réalité. Et le beau Serge venu se ressourcer au pays de son enfance, malgré tous les regards tournés vers lui, ne parviendra pas à m’intéresser à son histoire, comme la prunelle de mes yeux.

Un roman très sombre

9 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 72 ans) - 30 août 2012

Au bout de la nationale, trois hôtels, dans un site pittoresque d’Alsace. Le Grand-Hôtel se réservant la clientèle élégante et la grosse bourgeoisie. L’hôtel des Cols accueillant les petits bourgeois. Le Relais d’Alsace s’adressant aux chauffeurs de camions, les excursionnistes venant se sustenter rapidement. Pour régir tout cela, des êtres humains qui éprouvent, semble t-il, bien du mal à se supporter les uns les autres.

Un vol relativement conséquent a été commis au Grand-Hôtel. Puis, dans le même temps, on assiste au trajet d’un homme qui essaie de renouer avec son passé, celui du temps où il était enfant, mais cela est-il possible ou même simplement conseillé ? Pour mener l’enquête non pas un Maigret dans cette histoire bien sombre mais un certain commissaire Labbé.

Chacun des personnages, ici, a quelque chose de bien louche à se reprocher. Mais n’est-ce pas là le thème central de tous les romans de Georges Simenon : la part d’ombre de chacun d’entre nous ; la part d’ombre que l’on s’avoue à soi-même et peut-être aux autres, puis celle qui est tue, cachée à jamais, comme refoulée tant elle est insupportable.

Vous l’avez compris : un roman (très) dur, psychologique.


Extrait :

- Un homme ne change pas son fusil à cinquante ans … Nous sommes toujours entre quatre murs …

Pas le meilleur Simenon

7 étoiles

Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 48 ans) - 22 septembre 2010

On connait les qualités de Simenon pour peindre les atmosphères, décrire les situations des personnages entre peur du vide, grisaille, érotisme et tristesse.

Le tableau est ici encore réussi, mais le scénario (Simenon est effectivement un écrivain très proche du cinéma dans sa démarche) dérape un peu, surtout dans la conclusion.

Pas le meilleur en somme, mais certainement pas médiocre non plus.

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