Voyage au bout de la nuit - Illustré
de Louis-Ferdinand Céline, Jacques Tardi (Dessin)

critiqué par Jules, le 18 janvier 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Céline et Tardi : quel duo !...
Il s’agit ici d'un ouvrage pour fanatiques de Louis Ferdinand Céline, ou de collectionneurs des ouvrages de Céline ou de Tardi.
Je ne parlerai pas ici du livre, mais bien des dessins de Tardi qui sont un véritable régal dans le genre ! Ils collent au texte, que ce soit pour la guerre comme pour les autres épisodes.
Tardi a tellement bien compris et assimilé l'œuvre de Louis Ferdinand que ses dessins sont un véritable plus pour l’oeuvre, si c’était encore possible. À propos de la guerre 14-18 et de Tardi, je rappelle qu'il a sorti une BD intitulée " C'était la guerre des tranchées ". Plus explicite on ne peut pas !… Amateurs de l'un ou de l’autre, ruez-vous !.
La plus belle édition... 10 étoiles

...du plus grand livre de la littérature française.

En dire plus, c'est réduire l'Oeuvre à des mots dérisoires que seule l'expérience de la lecture peut permettre d'appréhender.

Byobinou - Rumilly (74) - 54 ans - 12 juillet 2011


Le pire est toujours sûr 9 étoiles

Dix ans après ma première lecture, c'est dans la version illustrée par Tardi que je choisis de retourner dans ce monument de la littérature.
Ce qui m'avait choqué la première fois, c'était d'abord l'écriture. Un style original, direct, souvent vulgaire, au vocabulaire très particulier. Je pensais d'ailleurs qu'il m'empêcherait d'aller jusqu'au bout de ce livre.
Moins de surprise bien sûr mais encore quelques pages d'adaptation pour retourner ...en enfer.
Et cette fois-ci, l'enfer sera superbement illustré.

Céline nous décrit la nature humaine dans ce qu'elle a de plus vil de plus sordide.
Dès le début, Ferdinand Bardamu se retrouve au front sans vraiment y avoir réfléchi, et « analyse » objectivement une guerre qu'un siècle plus tard lui donnera raison.
« Dans la nuit du village de guerre, l'adjudant gardait les animaux humains pour les grands abattoirs qui venaient d'ouvrir. »

Sa première rencontre avec Robinson, autre homme ballotté par le destin, décrira une amitié qui n'en a vraiment que le nom.
Le retour à Paris, héros malgré lui, sa presque belle histoire d'amour avec Lola qui le quittera pour sa lâcheté, puis Musine, une autre femme au grand cœur, aucun des ses amours ne réussira à le rendre heureux, en permanence conscient de la vanité de la vie.
« Celui qui parle de l'avenir est un coquin, c'est l'actuel qui compte. Invoquer sa prospérité, c'est faire un discours aux asticots.

Puis, c'est la grande traversée jusqu'en Afrique; même sur le bateau, le comportement différent d'un homme en fait rapidement un homme dangereux.
Son arrivée en Bragamance donnera l'occasion de découvrir une autre face immonde de l'homme colonisateur, pas vraiment loin de l'esclavage.
Bardamu décide de fuir ce poste isolé et se retrouve galérien sans révolte, en route pour New-York.
Pas plus de bonheur ici qu'ailleurs.
En Amérique, c'est la découverte des classes sociales et de la condition d'immigré dont fera la connaissance le héros. Là encore, malgré une jolie rencontre amoureuse, nouveau départ, ou plutôt, retour sur Paris.
Voilà Bardamu médecin mais dans une banlieue aussi glauque, et aussi grise que ses habitants à Rancy.
C'est maintenant avec la famille Henrouille que l'on va pouvoir étudier la méchanceté et la cupidité des relations familiales. Retrouvant Robinson dans une sordide histoire, il quittera Rancy discrètement, sans un sou, avec en plus la conscience du mal.
« Vraiment, je n'étais pas pressé du tout moi non plus, pas plus qu'eux. J'étais comme arrivé au moment, à l'âge peut-être, où on sait bien ce qu'on perd à chaque heure qui passe. Mais on n'a pas encore acquis la force de la sagesse qu'il faudrait pour s'arrêter pile sur la route du temps et puis d'abord si on s'arrêtait on ne saurait quoi faire non plus sans cette folie d'avancer qui vous possède et qu'on admire depuis toute sa jeunesse. Déjà on est moins fier d'elle de sa jeunesse, on n'ose pas encore l'avouer en public que ce n'est peut-être que cela sa jeunesse, de l'entrain à vieillir. »

Une escapade à Toulouse , où on frôle le bonheur, ou au moins une sorte de paix, avec un Robinson aveugle et une Madelon amoureuse mais pas farouche.
Mais, là encore, une fuite discrète de Ferdinand puis une incapacité revendiquée au bonheur par Robinson.
Nous laisserons Ferdinand diriger un asile avec la même vision désabusée de la vie et du genre humain.

Un formidable texte superbement soutenu par Tardi qui m'a autant impressionnée à la deuxième lecture qu'à la première, sur la nature humaine, ses défauts, ses vices, ses lâchetés et son aveuglement.

Marvic - Normandie - 65 ans - 12 juillet 2011


Rencontre de deux univers 10 étoiles

Quand Tardi rencontre Céline, cela donne un bel objet. L'addition du texte du plus grand roman de Céline et du dessin en noir et blanc de Tardi tenait de l'évidence. Et pourtant, le résultat va au delà des espérances. Ce livre est un must de bibliothèque. Le dessin renforce le texte, comme le texte renforce le dessin. C'est incroyable de perfection. Et puis la qualité de l'objet en fait un document précieux.
A conseiller impérativement aux amateurs des deux oeuvres.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 19 janvier 2011