La dernière nuit de Marie-Ange Guillaume

La dernière nuit de Marie-Ange Guillaume

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Miller, le 23 février 2003 (STREPY, Inscrit le 15 mars 2001, 68 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 792ème position).
Visites : 4 052  (depuis Novembre 2007)

C'est bien avec le coeur que l'on aime, n'est-ce pas, ou est-ce que je confonds

C'est par une citation de Beckett que débute ce petit bouquet de Nouvelles. Qui nous parle d'amour fou. Pour le reste, ces textes nous parlent de la vie au ras des pâquerettes, c'est-à-dire "sans recul ni perspective, sans élévation" d'après l'expression ainsi définie par le Larousse. Ce qui n'est pas gentil pour les pâquerettes. L'auteur a publié, entre autres, Desproges portrait, aux éditions du Seuil, et une bio de Goscinny chez Actes Sud. Son écriture c'est comme une lettre qu'on vous adresse accompagné d'un paquet de café vert, dont on touche longuement les grains, pas torréfiés encore. Une verdeur de ton, une fraîcheur et un saoir-faire d'écrivain à dépendre des sentiments, une histoire simple, de cette banalité cher à celui qui rédige cette humble note de lecture qui aime à rappeler la phrase de Maurice Blanchot :
la banalité est un mystère qui n'a pas jugé utile de se dénoncer. L'auteur fait main basse sur les rôles. L'amoureux, l'homme, le mari et l'amant. Le chien, l'enfant. Une vieillarde.
Deux extraits :
"Quand j'arrive devant chez moi, tu es là, appuyé contre le mur, et tu m'attends. Le bonheur se raconte mal. C'est ma main engourdie sur ton coeur qui bat encore, mon image minuscule reflétée dans tes yeux. C'est une île silencieuse où crient des milliers d'oiseaux, c'est une stupeur, un désert, un paquet de coton. Et ça ne dure pas. ". " Après, ils étaient allés au cinéma, voir une histoire d'amour italienne entre un maçon et une caissière de supermarché. Rien de féerique - juste la même merde qu'eux, en fait. Avec tout de même un happy end : ils quittaient leur patelin et on les retrouvait au bord d'une route, en train de faire du stop et de respirer à plein poumons. Ca puait l'arnaque, cette partance vers la liberté, un peu comme la gare de marchandises sentait le voyage".

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La vie au ras des pâquerettes

8 étoiles

Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 47 ans) - 10 juin 2005

Recueil de six nouvelles, toutes plus croustillantes les unes que les autres, "La dernière nuit" parle de la vie banale, du quotidien, du couple usé par le poids des années, des amours lassées et trompées. En six versions, Marie-Ange Guillaume décline des portraits touchants, navrants mais toujours drôle. Car croquer le temps qui passe et tue l'amour, là, elle en dégaine des propos grand-guignolesques pour décrire la chose !

Cela s'ouvre sur un couple qui se mène respectivement en bateau, lui marié, elle blasée, et pourtant amoureux, jaloux, je t'aime, je te quite, fais-moi un enfant, pense à ma femme, etc... Cela croque un couple impossible, lui facteur, elle petite mémé avec ses patins pour circuler dans l'appartement, tatillonne avec son yucca, la marque de son beurre et fière de récupérer du camembert en douce... Puis conversation téléphonique entre Lui et Elle, entre un cavaleur pathétique et amnésique, et une ex refoulée et aigrie... Ensuite, moiteur de l'été dans une maison en Dordogne, un homme, une femme et l'enfant, couple usé, décalé, petite fille aux cauchemars jusqu'à une certaine virée nocturne (bonjour l'effroi chez le lecteur !!!)... "Terminus" propose le bilan de quarante années de mariage, entre Robert et Gisèle, qui houspille son homme d'avoir acheté une casquette trop petite et qui laisse une marque rouge sur le front, lui soupire en songeant au passé, ce n'est ni trop tard ou trop tôt pour l'aimer ou la détester, pour s'habituer, ou qu'importe !... Et ça se boucle avec une patronne de bistro, qui bichonne ses clients, ses fidèles, son quartier, en essuyant les verres et en transpirant au-dessus de la machine à café, avec le chien Balthazar à l'affût de quelques sucreries...

Ce livre, c'est une touche épatante. Il y a une perpétuelle bonne humeur malgré les aléas dépeints au cours des 94 pages, une satire bienveillante des gens ordinaires, des travers de tout le monde. C'est tendre, ironique et impertinent, oui.


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