Les campagnes bourbonnaises il y a 100 ans
de André Touret

critiqué par JulesRomans, le 17 avril 2013
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
L’Allier de la Belle Époque pour les amoureux et natifs de l’Allier et pas pour les aliénés
Un joli panorama, pas toujours joyeux, de ce que furent les conditions de vie des paysans du département de l’Allier entre 1870 et 1914. Après avoir identifié les régions naturelles : le bocage, la Sologne bourbonnaise, la Montagne bourbonnaise, le Val d’Allier et la Limagne limousine, l’auteur propose des chapitres où ce sont les diverses catégories socioprofessionnelles qui sont passées en revue, l’évolution démographique (avec en particulier les flux migratoires), les cycles économiques et leurs conséquences

Dans cette région où le métayage est extrêmement dominant par rapport au fermage, l’ouvrage explique bien ce que sont les fermiers généraux (intermédiaires entre les propriétaires et les paysans) et le rôle qu’ils jouent dans la société de l’époque. Leur opposition au développement de l’école publique et leur soutien à l’école catholique est un des aspects secondaires de leur action.

Une très belle approche est faite du syndicalisme agricole naissant et des appuis qu’il rencontre au sein du parti socialiste SFIO. Les personnalités qui portent le mieux les problèmes des agriculteurs non propriétaires de leur terre sont mis en exergue : Jules Rougeron, Michel Bernard, Pierre Brizon et Émile Guillaumin. Si le dernier est connu comme le premier écrivain travaillant la terre de ses mains, le précédent Pierre Brizon (d’ailleurs originaire du bocage bourbonnais comme Émile Guillaumin) est dans tous les livres d’histoire qui disent un mot sur les mouvements pacifistes durant la Grande Guerre.

Le livre ne le précise pas mais Pierre Brizon fut le professeur d’Ernest Pérochon (autre écrivain majeur chez les régionalistes) à l’École normale de Parthenay et Émile Guillaumin entretinrent une correspondance mutuelle d’une durée de trente ans. "Les campagnes bourbonnaises il y a 100 ans" est d’ailleurs le livre documentaire qu’il faut avoir lu si l’on veut bien saisir le sens des livres d’Émile Guillaumin.