Le flûtiste invisible
de Philippe Labro

critiqué par Yotoga, le 7 novembre 2013
( - - ans)


La note:  étoiles
Le regard de Thoma, Oui, le reste, Non.
Philippe Labro nous propose dans ce recueil trois nouvelles rassemblées autour du thème du destin changé par une action qui parait mineure, en rapport au flûtiste invisible d’Einstein. (« Tout est déterminé par des forces sur lesquelles nous n’exerçons aucun contrôle. Ceci vaut pour l’insecte autant que pour l’étoile. Les êtres humains, les légumes, la poussière cosmique – nous dansons tous au son d’une musique mystérieuse, jouée à distance par un flûtiste invisible. »)

Dans « Bye Bye Blackbird », un français part aux Etats-Unis poursuivre ses études et rencontre une femme qui lui fait tourner la tête. Dans « La ligne de mire », un intellectuel écrivain rencontre le tueur professionnel qui l’a épargné en Algérie, des années auparavant. Dans « le regard de Thoma », un homme échappe au régime communiste de Hongrie et raconte comment enfant, il évita de justesse les camps de concentration.

Les deux premières nouvelles sont construites exactement identiquement : une rencontre d’une personne inconnue, un rapport de force entre les deux, une histoire de femme et une morale. Il n’y a aucun rythme dans les nouvelles, elles rapportent toute les deux une scène unique dans la vie de quelqu’un. Le style est complètement anodin, sans degré littéraire extrême, les deux nouvelles rapportent un dialogue ininterrompu.

La réflexion philosophique que j’attendais est inexistante. L’auteur se sent obligé, à la fin de chaque nouvelle, d’expliquer au lecteur quels éléments ont fait basculer la vie du protagoniste, basée sur les faits, sans rapport religieux ou ésotérique. Le lecteur n’a aucune marge d’imagination, toute part de réflexion lui est amputée. Si ce flûtiste est invisible, qu'il le reste, sans sous-titre la place à la fantasie manque.

D’après le titre et la lecture de la première nouvelle, j’attendais une référence plus intense par rapport à la musique. Comme pour la musique de film, un fil conducteur entre les nouvelles, une musique de fond… Mais non, les deux dernières nouvelles n’ont aucun fond sonore, même si une se passe dans un restaurant.

La dernière « le regard de Thoma » se différencie des autres. Basée sur des faits étalés sur 15 ans, elle retrace toute une jeunesse et aurait méritée d’être plus approfondie. Malheureusement, c’est la nouvelle la plus courte et le lecteur sent que le livre devait être terminé rapidement… Un dernier chapitre ajouté à la dernière minute, en référence à la deuxième nouvelle : reste une impression de désordre, de bâclage.