Les mille automnes de Jacob de Zoet
de David Mitchell

critiqué par Pascale Ew., le 3 avril 2013
( - 56 ans)


La note:  étoiles
Du Ken Follett à la sauce japonaise
En 1799, Jacob de Zoet débarque à Dejima au Japon en tant que clerc de la VOC (Compagnie néerlandaise des Indes orientales). Ce jeune homme est d’une honnêteté qui va lui jouer des tours. Il tombe amoureux d’une jeune japonaise à moitié défigurée, sage-femme apprentie auprès du médecin néerlandais du comptoir. Or, celle-ci est vendue par sa famille criblée de dettes et se retrouve emprisonnée dans un couvent.
Pendant ce temps, Jacob est aux prises avec les jalousies et la corruption au sein du personnel de la Compagnie. Son honnêteté l’empêche de gravir les échelons de la hiérarchie auxquels il pourrait prétendre au vu de ses compétences.
Ce roman est très bien construit, très bien écrit et passionnant ! Il reflète les relations très restreintes qu’a eu le Japon à cette époque avec l’extérieur, son repli sur lui-même ; les mentalités bien connues (sens de l’honneur, des convenances, du paraître), des relations familiales où transparaît très peu d’amour, de l’hypocrisie ambiante, … ; bref, une série de carcans qui n’ont malheureusement pas été restreints à cette époque et à ce pays.
Il me fait penser à un roman de Ken Follett parce que le héros (très « gentil ») est sans cesse contrecarré dans ses projets (par des « méchants »).
Le seul petit bémol que j’ai trouvé, ce sont les nombreuses longueurs dues à des explications de mots, des traductions, etc. échangées par les personnages.
Un livre riche et ample 10 étoiles

Cette histoire d'un clerc néerlandais et dévot venu chercher fortune en Asie et coincé dans un comptoir japonais est d'une plus grande profondeur que ne pourrait le laisser croire son thème exotique.
Le héros est attachant et subtilement décrit. Le style est fluide, simple, précis. J'ai apprécié tout particulièrement la façon dont la réalité historique était rendue par l'attention aux détails : on est réellement plongé dans le quotidien et dans le mode de pensée des contemporains.
Un grand livre.

Deleatur - - 56 ans - 29 mars 2015


Lecture pour ados… 7 étoiles

J’ai terminé cette lecture il y a quelques mois déjà…
L’écriture plus ou moins fluide, en dépit de ce détail, d’une qualité indéniable, son rythme soutenu, m’ont permis de me rendre au bout de ce pavé malgré un langage un peu trop fleuri à mon avis, pour un récit situé à l’aube du dix-neuvième siècle; un style qui saurait sans aucun doute plaire davantage aux adolescents.

Mais plus que tout, ce récit moderne d’un jeune héros, amoureux transi, débarquant en 1799 au Japon, dans un comptoir de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, à Nagasaki, puis à Dejima, enclave insulaire fictive où les négociants étrangers sont confinés, ne peut se mesurer d’aucune façon à celui de «Shõgun», publié en 1975, troisième tome de l’illustre saga asiatique de James Clavell; saga en six tomes que j’ai lue et que je possède toujours d’ailleurs.

La recherche exhaustive manifeste qui alimente ces deux récits est leur principal lieu commun.
Deux siècles séparent les évènements des deux histoires et la constatation de la permanence des rapports hermétiques des Japonais face aux étrangers, méfiance principalement motivée par la crainte de la catholicité, m’a surprise.
David Mitchell raconte assez habilement l’histoire d’un jeune héros romantique, s’éparpille parmi trop de personnages secondaires plus ou moins valeureux, à l’intérieur d’un contexte historique fort bien documenté, mais superficiellement exploité.
Un récit non sans défauts, dont les qualités d’aventures sauront stimuler l’imaginaire…

N.B. Lu en version originale anglaise sur mon Kindle.

FranBlan - Montréal, Québec - 81 ans - 21 octobre 2013