Les perles de la Moïka de Annie Degroote

Les perles de la Moïka de Annie Degroote

Catégorie(s) : Littérature => Romans historiques

Critiqué par CC.RIDER, le 30 mars 2013 (Inscrit le 31 octobre 2005, 66 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 905ème position).
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Une douloureuse saga familiale

En 2003, en France, Ana, comédienne cantonnée dans les utilités et les rôles secondaires, décroche enfin un premier rôle dans « La Cerisaie » de Tchékov. Elle commence par refuser parce que le metteur en scène est russe. Pour elle, tout ce qui a un rapport avec la Russie est douloureux à commencer par ses rapports avec sa russe de mère qu'elle a perdue de vue depuis vingt ans...
En 1903, à Saint Petersbourg, Tatiana Alexandrovna, jeunesse aristocrate proche de la richissime famille Youssoupov, profite des derniers fastes du régime impérial. Elle rencontre Ivan, un bel officier de la Garde, se marie avec lui et se voit offrir deux magnifiques boucles d'oreilles ornées de perles. Deux jumelles, Olga et Natacha naîtront de cette union. Mais la révolution toute proche va faire basculer dans le drame la vie insouciante de la petite famille.
Cent ans plus tard, Ana découvre une unique boucle d'oreille en perle dans les affaires de sa mère qu'elle croit décédée. Ce bijou servirait-il de lien ou de fil rouge permettant de dénouer l'écheveau des destins de quatre générations de femmes ?
Le roman débute par une construction en miroir faite d'allers et retours entre deux époques, deux pays, deux mondes et deux réalités en apparence fort éloignées les unes des autres qui surprend un peu. A distance et quasiment en stéréo, Ana et Tatiana se répondent sans le savoir au-delà de l'espace et du temps avant que Sophia par une suite de révélations faites aux colocataires de sa maison de retraite, ne fasse apparaître, par petites touches délicatement amenées, l'esquisse d'une longue et douloureuse saga familiale s'étendant sur quatre générations. De Tatiana, l'aristocratique et optimiste arrière-grand-mère à Ana, la comédienne mal-aimée et incomprise de son indigne mère Sophia sans oublier sa grand-mère Tatiana. Quatre destins. Une longue lignée de femmes marquée par la souffrance, les deuils, les vies brisées, l'exil et toutes sortes de drames. En un mot, une famille broyée par la chute des Romanov, la révolution bolchévique, la folie totalitaire de Staline, les famines organisées en Ukraine et les horreurs de la Seconde Guerre Mondiale.
Un livre si magnifiquement écrit qu'il se dévore et qu'il est quasiment impossible de le quitter avant d'avoir atteint la dernière page. Une histoire prenante, touchante, émouvante. Quatre magnifiques portraits de femmes et de mères courage, belles, intelligentes et parfois un peu folles. Cet ouvrage est une véritable réussite (pas loin du petit chef d'oeuvre) sur les thèmes délicats de l'amour maternel, de la filiation et de la quête du bonheur mais qui sont développés avec intelligence, rythme et sans pathos.

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A la russe

8 étoiles

Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 36 ans) - 25 juillet 2013

Ana a toujours rejeté ses origines russes à cause d’une enfance malheureuse et d’une mère distante ; les circonstances vont pourtant la pousser à comprendre d’où elle vient. Travaillant dans un milieu artistique, le fait de jouer La Cerisaie, pièce mythique de Tchekhov, et plus particulièrement le personnage de Lioubov, va l’obliger à s’imprégner de cette âme slave et l’ébranler plus que tout.
Retour au début du siècle dernier à Saint-Pétersbourg afin de retracer la vie des ancêtres d’Ana : des femmes passionnées qui quittent tout par amour et ne font rien dans la demi-mesure, à la manière d’Anna Karénine et des Russes en général. Retour donc dans la Venise du Nord qui entretemps est devenu Petrograd puis Leningrad ; la révolution, le bolchevisme, l’athéisme forcé, Raspoutine et les Romanov, les purges de Staline, la famine et les fuites forcées… C’est tout un siècle du quotidien du Kremlin qui nous est conté. A travers l’histoire de ces femmes, on vit le destin de nombreux Russes pour lesquels prendre la route a signifié le dépouillement.
Les descriptions de la ville sont fidèles à la réalité et nous emportent dans ses immensités blanches et autres monuments colorés, l’histoire nous en apprend pas mal sur la vie à l’époque et les coutumes russes agrémentées de petites anecdotes, et enfin les récits dramatiques de ces femmes sont touchants et bien racontés.
A travers ces histoires, l’auteur souligne la fragilité de la vie et du bonheur, « un fil sur lequel l’homme évolue en équilibre instable, comme un funambule ». Un très beau voyage en Russie auprès de 4 générations de femmes.

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