Camus à Combat
de Albert Camus

critiqué par Jules, le 5 février 2003
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
La France de l'ombre et du retour de la lumière
Ce livre est le huitième tome des « Cahiers Albert Camus » Il rassemble ses éditoriaux et textes parus à la revue
et journal « Combat » Cela a été possible grâce à la collaboration de Catherine Camus, Robert Gallimard, Roger Grenier et quelques autres.
« Combat » a été crée en 1940 et dès ce moment affiche un but clair : il appelle les Français à la lutte et à ne pas accepter la soumission. Il n’est cependant pas anti-Pétain à l’origine et ne le deviendra qu’à partir de 1942. Dès cette date, « Combat » va reconnaître de Gaulle comme « chef et symbole de la résistance française »
Camus y écrit depuis 1943 et arrêtera sa collaboration au journal en 1947. En 1943 « Combat » se déclare révolutionnaire, dans le sens où il exige une autre France au lendemain de la guerre. S'il reconnaît aux communistes une place indiscutable dans la future société, il exige également quelques nouveaux partis, mais desquels les principales personnalités d’avant-guerre seraient exclues. Le but est d’arriver à créer une nouvelle République qui sera socialiste, plus juste, plus moderne, forte et vivante par l’esprit.
N'oublions pas, pour mieux comprendre l'engagement de Camus qu’il écrit sa première « Lettre à un ami allemand » en novembre 1943 et que les trois autres le seront entre décembre 43 et juillet 44.
Camus est un philosophe et, en tant que tel, il ne peut pas voir les choses et réagir comme la plupart des autres journalistes.
Au lendemain de la guerre, après une excellente entente avec François Mauriac, grand ami de de Gaulle, les deux hommes vont violemment s'opposer, au travers du « Figaro » et de
« Combat », sur le problème de l'épuration. Mauriac, suivant en cela les idées de de Gaulle, prône plutôt pour une réconciliation nationale (hors les grands criminels de la collaboration), alors que Camus est en faveur d'une justice plus stricte. Les deux hommes iront loin dans leurs diatribes, mais quand Camus prendra un congé à « Combat » Mauriac regrettera ce départ et de se voir répondre « par le dernier de la classe ». Il va écrire : « A vrai dire, depuis que M. Albert Camus n'est plus là, les admirateurs de Combat, parmi lesquels je m'honore de figurer, vivent du parfum d'un vase non certes brisé, mais aux trois quarts vide. »
Par contre, les deux hommes seront d'accord
pour constater, avec amertume, l’impossibilité de faire coïncider morale et politique.
Mais Camus reviendra et commencera ses articles sur les premiers attentats en Algérie pour lesquels il demandera « Je voudrais que nous répondions au meurtre par la seule justice, pour éviter un avenir irréparable ».

Tout l'intérêt de ces textes réside dans l'actualité de beaucoup d'idées qu’ils évoquent, que ce soit sur la libération, le régime de Vichy, de Gaulle, la nouvelle République, les partis politiques, l'Algérie etc.