Pulsations de Julian Barnes

Pulsations de Julian Barnes
(Pulse)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Jlc, le 10 mars 2013 (Inscrit le 6 décembre 2004, 80 ans)
La note : 9 étoiles
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So British!

Faites l’expérience : deux ou trois semaines après avoir lu un recueil de nouvelles, de combien vous souvenez vous ? Il est probable que si vous faites cet exercice avec « Pulsations » le résultat approchera les 100%. C’est que ce livre est un régal d’intelligence, de sensibilité, d’ironie, de tendresse, d’imagination, de style, de justesse de ton, d’art de la chute. Et peut-être que plus encore, l’écriture de ce recueil a été pour Julian Barnes une façon de faire son deuil après la mort subite de sa femme à qui cet ouvrage est dédié. Mais ne nous y trompons pas, ces nouvelles tiennent l’émotion à distance, à la juste distance, celle qui entre larmes et rires est tout simplement la vie.

Pour constituer ce livre, l’auteur a fait preuve d’une subtile inventivité. Au lieu de raconter banalement quatre dîners qui réunissent les mêmes personnages, Julian Barnes en fait quatre récits qu’il sépare par des textes qui ont tous un point commun : la description de la classe moyenne anglaise au début du vingt et unième siècle. Et son constat est sévère. Son don d’observation ne laisse rien passer. Cette ironie, s’épanouit dans le voyage en train de deux romancières plus très jeunes qui égrainent leurs aventures supposées avec Graham Green ou John Updike dont les genoux accueillants, un soir à Londres, avaient permis à l’une de laisser croire à l’autre que... « On a sa fierté. »

Bien que fort brillante, cette première partie, toute de corrosion, est dominée par deux nouvelles, toutes de tendresse. L’une raconte les amours fugaces du narrateur avec une Allemande énigmatique, l’autre, plus personnelle, le retour d’un homme sur une île où « ils avaient été heureux » et qui découvre qu’ « il n’était pas maître de son chagrin. Le chagrin était maître de lui. » Une splendeur !

Autre originalité, la seconde partie de ce recueil se compose de cinq nouvelles, chacune ayant pour thème un de nos cinq sens. Le sourd est un peintre colporteur du dix huitième siècle qui se vengera par son talent d’une humiliation insupportable. L’aveugle est une jeune musicienne très douée du dix-huitième siècle qui a perdu la vue à 3 ans et demi et qu’un médecin viennois entend guérir selon des procédés surprenants pour l’époque mais à quel prix ? Le goût est illustré par un texte qui va des amours de Garibaldi à ce qui pourrait n’être qu’une « bizarrerie statistique » à savoir que « les … couples qui résistent à l’usure du temps étaient ceux des gays sexagénaires ».

Et puis il y a la dernière qui donne son titre à l’ensemble. Un jeune trentenaire raconte la lente dégradation de sa famille si heureuse avant que la maladie ne la saccage. Son père a perdu l’odorat, sa mère a une sclérose latérale amyotrophique. Tout est dit simplement, avec retenue, avec délicatesse, celle des gens qui s’aiment vraiment sans nécessairement se le dire souvent. C’est un texte poignant sur la perte de l’autre où Barnes doit retenir l’émotion qui risque de le submerger. « Pulsations » est un livre sur les battements douloureux du cœur, les battements malheureux de la vie que nous cachons entre larmes et rires.

Superbe !

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