L'oligarchie des incapables de Sophie Coignard, Romain Gubert

L'oligarchie des incapables de Sophie Coignard, Romain Gubert

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Isad, le 9 mars 2013 (Inscrite le 3 avril 2011, - ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 358ème position).
Visites : 2 693 

Description de l’entre-soi politico-industrialo-financier

Le style est clair, les paragraphes sont courts et fourmillent de références en bas de page pour qui veut aller plus loin. On ressort de la lecture un peu désabusé, doutant quand même que l’on soit à la veille d’un nouveau 1789 du fait d’un manque de prise de conscience générale car nous avons des jeux et du pain.

Le livre est une suite de révélations de faits concernant les connivences et les faveurs accordées de la part de bon nombre de personnes qui nous gouvernent ou qui dirigent les entreprises. Il donne des exemples de tous bords, l’oligarchie n’étant ni de droite, ni de gauche, même s’ils penchent plutôt du côté du pouvoir en place pour faire sens.

Les auteurs montrent la porosité des 2 mondes avec des fonctionnaires qui passent des intérêts de l’État à ceux des entreprises dont ils ont traité les dossiers, s’enrichissant au passage. Ils mettent à jour les conflits entre des fonctions publiques et les conseils rémunérés ou tout simplement les voyages d’études tous frais payés. Ils signalent que les journalistes sont invités par ceux sur qui ils font des papiers. Et, contrairement aux autres grandes démocraties dans lesquelles chacun doit déclarer et rendre publics pour le citoyen son patrimoine et l’origine de ses revenus, ce n’est pas le cas pour nos hommes politiques. Et pire, il existe même une certaine collusion avec des hommes d’affaires douteux à la limite de la légalité qui facilitent certaines mises en relation ou intimident les récalcitrants.

Le résultat est qu’il n’y a plus de contre-pouvoir, que nombre de fonctionnaires intermédiaires sont désabusés (quand ils ne choisissent pas le pourquoi pas moi?), que la justice n’a pas les moyens d’enquêter sur les trafics d’influence ou les conflits d’intérêt. Les rares personnes qui osent faire remarquer ces écarts et l’utilisation de l’argent des contribuables à des fins qui privilégient une certaine élite sont déplacées sur des dossiers moins dangereux sous couvert de promotion ou absorbées par l’organisation qu’elles critiquent pour les faire taire contre poste et salaire important. Rares sont ceux qui résistent !

IF-0313-4021

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Ouh, que ça énerve

8 étoiles

Critique de Nabu (Paris, Inscrit le 26 février 2005, 38 ans) - 12 décembre 2013

Alors que ma récente lecture faisait réfléchir sur le mode de consommation de l’être humain par rapport à sa survie et celle de la planète (« Comment les riches détruisent la planète de Hervé Kempf). La lecture de « L’oligarchie des incapables » énerve tout simplement. A travers un tas d’exemples et de faits basés sur des références à chaque fin de chapitre, Sophie Coignard et Romain Hubert nous expliquent que l’on est basiquement pris pour des gros cons.

Par qui ? Par nos dirigeants et les classes « dominantes ».

J’ai toujours été du genre assez acerbe, voire même amer par rapport à cette classe composée de politiques, de célébrités issues des médias ou des arts. Mais ce livre m’a juste donné de la matière pour renforcer encore plus ce dégoût.

Les exemples sont absolument révoltants, on est en permanence dans le foutage de gueule total. En vrac :

- Luc Besson qui se fait financer sa cité du cinéma par la caisse des dépôts.

- Drucker qui passe outre les interdictions environnementales et fait agrandir sa villa avec la bénédiction du maire du coin. Quand il se fera attraper par la police, NKM fera un joli courrier au juge pour lui demander « allé lesse koulé kop1 ;) »

- Le concours des avocats qui dispose d’une équivalence pour tout politique ayant huit ans d’expérience dans les « responsabilités publiques » LOLILOL.

Bref, ces « puissants » font tout pour que 80% des avantages leurs retombent dans le bec. Ils placent leurs potes à la justice, leurs potes dans les médias, leurs potes aux places importantes. Quand les potes sont des sales brèles, sont-ils virés ? Oui. Ouf ? Non. Car, on leur a donné une prime d’entrée, un gros salaire puis on leur file une jolie prime de départ avant de les replacer dans un autre poste à responsabilités mais à visibilité moindre et hop, le cancre peut continuer à faire de la merde ^_^.

Cerise sur le gâteau, ils créent également des lois pour s’avantager, et ceci à plusieurs niveaux :

- Eux-même. Pas mal de membres de l’assemblée, du sénat et du gouvernement possèdent des œuvres d’art. Ces merdes coûtent une blinde et ne sont pas taxés (Faut pas déconner, ça permet d’investir de l’argent pépère le moine hein ^_^). Ainsi, quand un député a eu les couilles de proposer une taxe sur les œuvres d’art, son projet de loi s’est fait saborder. En grande partie par Fabius qui y aurait bien perdu dans l’histoire, et évidemment par un tas de députés qui ont investi dans les œuvres d’art.

- Leur boîtes. Oui, ces messieurs sont souvent affiliés à une société et proposent ainsi des projets de lois qui rapporteront des pépètes à leur entreprise. Conflit d’intérêt ? Nooooooon.

- Leurs proches. Là, on a du bon et du moins bon. Ainsi, la fille d’un député était archéologue. Du coup, celui-ci a travaillé sur des projets de loi empêchant les grosses entreprises de bâtiment à saccager des lieux de fouille potentiels.

Ca, c’est plutôt cool. Sauf que de manière générale, on est plutôt dans le népotisme pur où les proches des politiques sont placés à des postes importants sans de réelles compétences chez leurs potes dans de grosses sociétés. Ou bien des projets de lois qui sont réalisés pour faire plaisir à la société de son mari/femme/enfant. Ou encore des accords de budgets grotesques « Oui ? Un projet de bourse pour les enfants de français expatriés qui vont au lycée français ? (QUI NE DOIVENT PAS GAGNER UN PAQUET DE THUNES, NON NON NON) Pas de problème ! ^_^ »
Ou sinon, mon préféré, le « KIKOO T’ES MON POTE, TIENS LA LEGION D’HONNEUR HIHIHIHI :) »

Ca fout les nerfs hein ? Oui. Moi aussi.

Le pire dans tout ça, je pense qu’ils se sentent vraiment supérieurs et qu’ils se croient donc dans leur plein droit mais qu’une partie d’entre eux a légèrement conscience qu’ils sont en train de titiller la limite. C’est pour ça qu’ils renforcent leurs positions avec le placement de leurs amis aux fonctions essentielles comme on en a parlé tout à l’heure et surtout en divisant la population. Exploit qu’a parfaitement réussi le gouvernement Sarkozy en stigmatisant les chômeurs, les bénéficiaires du RSA, les immigrés, les jeunes…

Bref, les puissants font en sorte que les autres se tapent entre eux au lieu de s’unir pour les destituer. C’est ça qui est vraiment énervant en fait. De voir à quel point leur pouvoir ne tient à un rien mais qui semble quand même insubmersible.

Au niveau des points négatifs, je regrette la profusion de noms et le format d’écriture choisi. Les chapitres sont assez courts, une vingtaine de pages au plus, et sont de la forme suivante « X est un connard parce que… ». Du coup, on amasse vite un tas d’anecdotes et de noms et c’est dur de s’y retrouver, ça manque de liant. On notera que les auteurs ont eu un peu conscience de cette difficulté car ils commencent par dénoncer des noms connus (Drucker, Besson) avant de s’attaquer à des personnages moins connus qui travaillent dans les rouages de la politique et du relationnel.

En conclusion, un très bon bouquin qui pose le doigt sur de très gros problèmes du fonctionnement de notre société actuelle. En espérant que ça ouvre l’esprit de certaines personnes qui préfèrent actuellement cracher sur leur voisin plutôt que de se poser quelques questions.

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