Chinetoque de Marie-Christine Arbour

Chinetoque de Marie-Christine Arbour

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 8 mars 2013 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
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Soutien-gorge et caleçon

Une Montréalaise vit avec sa mère, une avocate qui se révèle être une complice de sa fille. Tout semble baigner dans l’huile ou presque. Du moins le tapis du bonheur est déroulé pour qu’Alice le foule avec plaisir. Il faut se méfier de l’avenir, Après avoir obtenu un diplôme en lettres, elle se retrouve serveuse dans un boui-boui. Heureusement le destin l’appelle à devenir traductrice de dépliants publicitaires, en particulier ceux des organismes qui offrent du bonheur patenté. Mais elle se retrouve rapidement à l’autre bout du Canada quand on lui propose un poste similaire à Vancouver.

Un boulot assuré n’est pas un gage de réussite personnelle. Le bonheur se conjugue avec un partenaire pour soutenir un sujet en quête d’un destin enviable. En fait, c’est le verbe aimer qu’Alice veut conjuguer. Elle veut passer du je t’aime au nous nous aimons. Son orientation sexuelle peu affermie, elle accepte l’amitié douteuse d’une collègue intrigante. Et finalement ce sont les bras d’un musicien qui s’ouvrent. Ouverture parcimonieuse. Elle ne fait pas le poids pour contrebalancer la carrière d’un homme qui ne connaît que la forme pronominale du verbe aimer. Elle se retrouve gros jean comme devant avec un avortement en banque. Un fils qu’elle aurait aimé avoir pour souder son couple.

Mais les haruspices sont favorables. Comme Alice fréquente le quartier chinois de Vancouver, elle découvre les petits yeux bridés de Will, un Chinois qui l’effraie à la caisse de sa boutique. De la peur, elle passe à un apprivoisement prometteur. Et c’est le grand amour. Un amour qui s’entortille dans le dénuement le plus complet. L’oubli de soi pour devenir l’autre. Une fusion qui fait le bonheur de celle qui aime se mouler sur autrui au point de vouloir ressembler physiquement autant que spirituellement à son amoureux.

Comme pour le roman Drag, l’apparence devient les prémices de l’amour. Alice fait couper ses longs cheveux blonds et revêt les oripeaux des androgynes. Mais Will n’a pas dit son dernier mot. Il s’applique à ressusciter la féminité de cette femme, voire à accrocher son soutien-gorge sur un crucifix. Elle lui rend la pareille en exposant un de ses caleçons dans l’arrière-boutique, qui leur sert d'alcôve. C’est le passage obligé des amours fricotées par l’auteure.

Mais le levain qui faisait lever la pâte de Drag, un amour entre travestis, s’est quelque peu éventé. La magie de cette dernière œuvre s’est altérée au profit des redondances. Chinetoque n’est pas aussi percutant même si l’auteure a délaissé les aphorismes pour une écriture au service d’une narration plus serrée d’un cheminement amoureux.

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