Nocturne du Chili
de Roberto Bolaño

critiqué par Darius, le 27 janvier 2003
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Peu d'émotion
J'espérais beaucoup de ce roman, d’abord parce que je connais assez bien l’histoire du Chili, et aussi parce que j’y suis allée et que j’y ai des amis.
Je croyais y retrouver des sensations, découvrir les impressions d'un auteur qui a vécu sa jeunesse sous la dictature de Pinochet.
La quatrième de couverture m'avait alléchée… Et pourtant, j’ai été déçue.. A la lecture des prix que l'auteur s’est vu attribués, j’ai effectivement dû passer à côté de l'essentiel, j’ai dû être imperméable à certaines particularités de l'écriture qui lui ont valu son succès.
C’est l’histoire d'un vieux curé arrivé en fin d'existence et qui se remémore des tranches de vie. Cet ecclésiastique avait plusieurs cordes à son arc, d’abord sa facette religieuse, ses affinités électives : il fréquentait les poètes de la nouvelle génération, ainsi que Pablo Neruda, le prix Nobel de littérature, sa facette professionnelle : il publiait des chroniques littéraires dans un journal, et enfin son travail en tant que poète et en tant qu’universitaire.
On ne peut nier qu'il y ait de l'humour dans ce bouquin, comme par exemple ce voyage entrepris par cet ecclésiastique à travers l’Europe dans le but d'effectuer une recherche sur la conservation des églises et découvrir les solutions définitives qui permettraient de mettre fin à la détérioration des demeures du "Seigneur". Les ravages étant essentiellement l'oeuvre des pigeons et non celle de la pollution automobile comme on pourrait s’y attendre.
Il découvrira que les Européens ont trouvé la solution radicale pour exterminer les pigeons : l'utilisation de la fauconnerie.
Et puis cette dizaine de leçons de rudiments élémentaires de marxisme qu’il donnera à la Junte au pouvoir, le général Pinochet étant l’étudiant le plus zélé et celui qui posait des questions pertinentes
!!! Un peu comme si George Bush engageait les écologistes pour donner au gouvernement américain, une série de cours sur les méfaits de la pollution par le pétrole et ses dérivés … Quelles seraient les motivations des gens qui détiennent un pouvoir absolu de s'informer sur des idées alternatives qui existent dans le monde alors qu'ils luttent de toutes leurs forces pour les nier et les exterminer ? Voilà pour le fond qui me semble peu crédible, même si une imagination fertile a dû l’inventer..
Bref, à mon avis, un libre incompréhensible, surréaliste où l’auteur semble éviter toute émotion personnelle et toute implication politique.