Histoires secrètes de la République
de Philippe Massoni

critiqué par Andrée27, le 21 février 2013
( - 76 ans)


La note:  étoiles
Autobiographie non secrète !
Voici un récit qui en dépit de son titre ne dévoile aucun secret d'état mais nous fait partager la vie passionnante d'un homme qui a vécu une partie de l'histoire contemporaine de la France et qui parfois l'a animée et alimentée.
L'auteur se dit avant tout républicain et humaniste ce qui peut se traduire par pragmatique et poussé par une talentueuse ambition.
Né le 13 janvier 1936 et fils d'un humble adjudant chef de la coloniale affecté en Indochine à la veille du second conflit mondiale, Philippe MASSONI va très tôt être confronté à la grande Histoire dans ce qu'il y a de plus intense et pathétique. Ce regard d'enfant va apprendre les dures réalités de la cruelle occupation nippone de ce territoire asiatique administré par la France.
Brillant élève il souhaitera intégrer cette administration coloniale mais prévoyant la fin de ce monde sociétal il entamera de prestigieuses études juridiques et comme beaucoup de jeunes corses sans le sou il sera reçu au concours de commissaire adjoint au sein de la préfecture de police.
A 21 ans, dès 1957, il sera initié dans une loge maçonnique puis comme officier de réserve, il accomplira ses obligations militaires en Algérie au sein de la Sécurité Militaire. Il sera amené à combattre l'O.A.S et donc à lutter contre des français qui optèrent pour certains pour la défense légitime d'une partie intégrante de leur nation. Que n'aurait il pas réalisé en 1942 car servir l'état au sens le plus fondamental du terme n'est pas toujours celui le plus noble, mais fi, notre jeune officier saura choisir le camp des vainqueurs et en tirer les lauriers.
Il intégrera ensuite la Préfecture de Police et en gravira rapidement les échelons pour du modeste commissariat de quartier s'asseoir dans le fauteuil d'un chef de section des Renseignements Généraux.
Intelligent et perspicace, travailleur mais démagogue il saura tisser la laine dans le bon sens. La chance, l'intelligence politique et le travail réunis représenteront cocktail qui lui feront revêtir l'habit préfectoral après avoir servi l'état.
Peut-on blâmer un serviteur aussi talentueux de savoir se servir lui-même avant tout, certes pas. Sans sortir de la prestigieuse ENA il deviendra le premier préfet de France après avoir rempli ses fonctions au service des régimes successifs qu'il nomme lui même : République. Il terminera sa carrière comme secrétaire général du Conseil de sécurité intérieure sous l'égide du Président Chirac mais sera "remercié" par son successeur Nicolas Sarkozy. N'est pas Talleyrand qui veut et surtout qui peut !!!
Ce récit est très agréable et écrit dans un style limpide et vivant sans doute à l'image de son auteur qui fut tout au long de son existence un manoeuvrier d'une grande classe.
Méfions nous tout de même de sa prétention à revendiquer son humanité et son désintéressement. Ces "grands fauves" sont souvent avant tout de prestigieux marionnettistes qui excellent dans la ficelle opportune à tirer.