Je suis un violoniste raté
de Antoine Golea

critiqué par Falgo, le 19 février 2013
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Bel exemple à réfléchir
Antoine Goléa a eu son heure de célébrité en tant que critique musical (musique classique). D'origine roumaine, il était connu pour son accent rocailleux, ses jugements souvent péremptoires, ses emportements, ses délectations et ses détestations. Fervent défenseur de la musique de son temps, il s'est farouchement opposé au mouvement dit "de l'interprétation baroque sur instruments d'époque". Tout cela lui valut une sorte de disgrâce publique qui ternit sa fin de vie.
Dans ce livre il raconte comment un sens musical précoce et affirmé conduisit son entourage (parents, professeurs) à le pousser vers des études musicales de haut niveau. Il sentit assez vite qu'il n'atteindrait jamais la maîtrise technique indispensable à devenir un grand soliste. Malgré cela, et à son corps défendant, ses mentors le menèrent au delà du raisonnable jusqu'à ce qu'il craque nerveusement lors d'une audition importante. Pour fermer son étui de violon. Définitivement.
Ce récit est d'une grande qualité. L'auteur n'y est jamais fanfaron. Il décrit les hauts et les bas, les espoirs et les désespoirs, les rencontres avec de grands musiciens (Cortot, Enesco et d'autres) qui jalonnèrent cette période de sa vie. Il joue avec succès la carte de la simplicité et de la modestie et rend compte avec précision et authenticité du terrible parcours des études musicales de haut niveau. Le lecteur apprend donc beaucoup sur ces études qu'il ne fera jamais et -en quelque sorte en creux - sur le cheminement initiatique et technique qui fait un grand artiste.
Et un bel exemple à réfléchir pour tous les parents qui déroulent pour un enfant une ambition déraisonnable.