Le rêve brisé : Histoire de l'échec du processus de paix au Proche-Orient (1995-2002)
de Charles Enderlin

critiqué par Macréon, le 26 janvier 2003
(la hulpe - 90 ans)


La note:  étoiles
Qui est responsable ?
Charles Enderlin a été (et est toujours) correspondant permanent
de France 2 à Jérusalem depuis 1981. Dans ce livre, il raconte dans le détail et aussi objectivement que possible les péripéties du processus de paix inauguré en 1993 par la signature à Washington de l'accord d’Oslo suivi le 28 septembre 1995 par la signature dans cette même ville de l'accord intérimaire entre Israël et l’OLP.

Charles Enderlin a réalisé son livre ( et son film sur France 2), avec une minutie stupéfiante, sur base de témoignages recueillis au jour le jour, et à l'appui de pas moins de 300 cassettes d'interviews.
Il est impossible de résumer pareil livre de 367 pages d’informations serrées. Partons néanmoins d’un résultat diplomatique évident: le 25 septembre 1995,signature à Washington de l’accord intérimaire entre Israîl et l'O.L.P.
Hélas, le 4/11/95, assassinat à Tel-Aviv par un jeune nationaliste religieux d'Yitzhak Rabin, promoteur des accords d’Oslo avec Shimon Pérès .Le 29 mai 1996, Netanyahu remporte les élections. Le 17 mai 1999,Ehoud Barak est Premier Ministre. Il semble animé des meilleures intentions.

Du 11 au 25 juillet 2000, sommet Clinton-Barak- Arafat à Camp David, dans le Maryland. Ballet émaillé de rebondissements, de fausses sorties, de claquement de portes et surtout d’arrière -pensées et de méfiance, sinon de haine. Par exemple, Ariel Sharon refusait de s’adresser directement à Yasser Arafat alors qu’il était tout miel pour les autres membres de la délégation palestinienne.De nombreux sujets sont évidemment abordés: discussions sur les frontières du futur Etat palestinien , la sécurité, ,le statut de Jérusalem, des Lieux saints,les prisonniers, suggestions pour les réfugiés, solutions hardies proposées par Clinton au sujet les territoires.
échec final,pourtant, en dépit du brio, de la patience d'ange, de l’acharnement de Bill Clinton qui veut terminer son mandat sur une note de paix.

Dans les semaines et les mois qui suivent, Arafat est accusé par une partie de la presse internationale d'avoir torpillé la conférence par son obstination et sa politique à courte vue.
Hubert Védrine, ancien ministre français des affaires étrangères, admettra que "des erreurs tactiques et de communication accumulées par les Palestiniens confortées par les attentats-suicides auront contribué aussi à effacer les accords d’Oslo." Mais la plupart des observateurs se refusent maintenant à faire endosser aux négociateurs palestiniens la responsabilité exclusive de l'échec des négociations. Ajoutons que les deux parties étaient poussées dans le dos par leurs extrémistes respectifs., ce qui les a empêchés de conclure.

Le 28/9/2000, visite d'Ariel Sharon sur l’esplanade des mosquées, à Jérusalem.
Pas d’incidents majeurs, mais le lendemain, la bavure se produit quand la police israélienne ouvre le feu sur la foule massée sur l'esplanade. "Si le chef de la police avait été présent, le drame ne se serait pas produit."
Mais il n'y était pas. Le seconde Intifada commence et rien ne pourra l'arrêter.

Les attentats des kamikazes ont provoqué la riposte énergique de Sharon: blindés, hélicoptères avec missiles, (et même avions F 16), attentats ou assassinats ciblés condamnés par le barreau israélien.
On ne parle pas assez de Hamas, souvent épargné par Israël qui concentre toutes ses foudres sur Arafat.

Son chef spirituel est le cheikh Ahmed Yassine qui a été libéré par Natanyahou pour effacer une bavure (septembre 1997) de ses services secrets à l'égard du roi Hussein de Jordanie. Deux agents du Mossad injectent un poison mortel à un membre du bureau politique du Hamas, Khaled Mashaal,en séjour en Jordanie.. Le roi Hussein est fou de rage.
Mashaal est à l’hôpital dans un état désespéré. Il faut l'antidote. Un médecin israélien part pour Amman avec une seringue contenant l'antidote. Mashaal est sauvé. Benjamin Netanyahu paiera le prix fort: il va devoir libérer le chef spirituel du Hamas.
Le même jour, les agents israéliens recouvrent la liberté. Yassine retourne à Gaza où il est accueilli triomphalement par 20.000 partisans. Arafat fait grise mine. Une libération qui va coûter cher politiquement à Israël.