La formation de l'esprit scientifique
de Gaston Bachelard

critiqué par Elya, le 17 février 2013
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Comment les faits s'imposent sur les idées : l'histoire des sciences
Le titre de ce livre a attiré mon attention sur les étalages de la section « philosophie » de ma bibliothèque municipale. Il est édité pour la première fois en 1938 ; j’ai emprunté une nouvelle publication datée de 2004 sans aucune annotation, ni dans le texte ni en préface ou postface. Gaston Bachelard, l’auteur, a écrit des dizaines d’autres essais. Son nom me rappelait pourtant plus le stade éponyme de Grenoble que le philosophe des sciences ! J’ai donc éprouvé des difficultés pour saisir sa thèse ; les premières pages au style travaillé mais assez lourd n’aidant pas.

Mieux former en sciences; telle semble être l’intention louable de Bachelard.
Ceci nécessite de surmonter des « obstacles épistémologiques » tenaces, présents chez tout individu dès le plus jeune âge, forgés par l’intuition, la conviction, l’expérience commune… et donc de « psychanalyser la connaissance objective ». Une formulation complexe dont nous saisirons mieux le sens au fur et à mesure de notre avancement dans le texte. Ainsi, « il ne s’agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et la fugacité des phénomènes, ni d’incriminer la faiblesse des sens et de l’esprit humain : c’est dans l’acte même de connaître, intimement, qu’apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles ».
Cela requiert aussi de saisir comment les faits se sont imposés sur les idées dans l’histoire des sciences, malgré ces « obstacles épistémologiques » majeurs. L’auteur s’appuie alors sur de nombreux exemples reflétant les connaissances du XVIIIè siècle en physique, en chimie et en biologie. Il dénonce aussi l’incohérence des thèses finalistes et substantialistes, dont on trouve encore des illustrations aujourd’hui. Pour cet aspect de l’ouvrage, je trouve les commentaires d’autres auteurs beaucoup plus accessibles (voir par exemple Dominique Guillo dans Ni dieu ni Darwin).

Pour Bachelard, « il n’y a que la raison qui dynamise la recherche, car c’est elle seule qui suggère au-delà de l’expérience commune (immédiate et spécieuse) l’expérience scientifique (indirecte et féconde) ». J’adhère pleinement à cette affirmation, comme à beaucoup d’autres de l’essai. Malgré cela je n’ai pas compris de nombreux passages du livre ; impossible d’en saisir le sens. J’ai pourtant apprécié la finesse du vocabulaire, mais la construction des phrases et des arguments a posé parfois problème. La présence d’annotations ou même, la lecture d’une version abrégée de l’ouvrage y aurait sans doute remédié. Le plaisir de découvrir par soi-même les thèses d’un philosophe des sciences n’aurait cependant pas été le même.