La division Das Reich et la Résistance, 8 juin-20 juin 1944
de Max Hastings

critiqué par Oburoni, le 11 février 2013
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Le sillon meurtrier de la Das Reich
15 000 hommes, près de 209 tanks et, l'une des meilleures forces de frappe de l'armée nazie la 2nde Panzer Division SS Das Reich est resté tristement célèbre pour, en juin 1944 au cours de sa longue avancée de Montauban jusqu'au front de Normandie s’être rendue coupable des pires crimes de guerre commis alors sur le sol français -les pendaisons de Tulle et, le massacre d'Oradour-sur-Glane pour ne citer qu'eux.

Journaliste anglais, Max Hastings revient sur cette épopée sanglante dans un livre remarquable par son équilibre, son absence de jugements mais, au contraire, ses tentatives quand bien même hésitantes de comprendre, replacer les évènements dans le cadre de tout un contexte qui semble aujourd'hui bien difficile à saisir.

Sans manichéisme, s'il ne défend évidement pas le nazisme ou les atrocités commises sur des populations civiles il ose en effet jeter plein feux sur tous les impliqués et, ainsi questionner les motifs des uns et des autres. Il rappelle bien sûr l'état d'esprit prévalent chez ces soldats, pour la plupart produits d'une génération conditionnée par l'idéologie nationale socialiste et, ayant passé près de trois ans à combattre dans les conditions abominables et inhumaines du front de l'Est. Il s'attarde surtout en large à décrire les diverses factions de la Résistance française puisque, ce sont ses actions ou supposées actions qui motivèrent en l’occurrence la barbarie SS.

Si le tableau des querelles, dissensions et différences au sein des divers Maquis et groupes de Résistants, dont les agissements parfois irresponsables (la 'libération' de Tulle par les FTP) voire cruels (la question épineuse des exécutions sommaires de prisonniers) font voler en éclat son image idyllique et, peuvent être une vérité dure à affronter, la timidité et la naïveté des services britanniques sont tout aussi effarantes. Autre mise en garde contre les explications simplistes, l’hypothèse avancée pour expliquer Oradour-sur-Glane (peut-être désigné comme innocent bouc-émissaire par des dénonciateurs) est elle une autre gifle qui mettra la France face à son passé honteux.

Max Hastings n’enlève rien au courage et a l'abnégation des Maquisards et Résistants, dont les activités furent cruciales en ce qu'elles privèrent les Allemands de certaines de leurs meilleures divisions pendant plus de deux semaines sur le front de Normandie mais, son regard franc et dépouillé de tout idyllisme (le fait qu'il soit anglais y est peut-être pour quelque chose ?) laisse surtout la voie ouverte à de profonde interrogation morales, qui ne manqueront pas de laisser songeur -des considérations sur le traitement des populations civiles lors de conflits à la question de savoir si un tel retard infligé à la Das Reich valait un tel prix.

Dommage qu'il ne se montre pas aussi critique envers les autorités britanniques (qui refusèrent l'extradition de certains impliqués...) qu'il ne l'est envers les SS et les Maquis/Résistants. Qu'importe ! Son manque de passion et les questions qu'il soulève en font une bonne lecture.