Borderline de Marie-Sissi Labrèche

Borderline de Marie-Sissi Labrèche

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 22 janvier 2003 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (27 314ème position).
Visites : 5 787  (depuis Novembre 2007)

Cri d'alarme aux parents

Il est triste de voir dans les rues du centre-ville de Montréal des jeunes en peine. Ils attendent aux bouches du métro des connaissances avec qui ils partageront leur infortune le temps d'une soirée. Ou bien ils quêteront pour se payer de la came ou offriront leur corps aux bien-pensants avides de la chair fraîche de ces âmes rabougries.

Ces jeunes sont les fruits d'une éducation carencée. Borderline l'illustre éloquemment. Voilà une fillette élevée par une grand-mère manipulatrice qui a rendu folle sa fille et qui poursuit la même oeuvre diabolique avec sa petite-fille. Elle l'élève dans la honte et la peur de sa condition féminine. «Les hommes ne sont que des porcs qui nous salissent», dit-elle.
Cette vision engendre un dégoût de soi qui débouche curieusement sur une pratique sexuelle avilissante.
Au Québec, Nelly Arcan, Andrée Laberge et Pauline Gélinas pointent la même réalité.
Elles servent une leçon magistrale aux parents en leur indiquant les conséquences funestes de leurs carences. Ce n'est pas en transmettant la honte de la sexualité à ses enfants qu'on en fera des adultes sains à cet égard. Ce n'est pas non plus en éloignant les filles des hommes qu'on les protègera. Ils jouent un rôle trop capital dans leur éducation. Les romans des auteurs précitées montrent des jeunes femmes qui crient toutes désespérément après le père. Père absent, fille manquée!
C'est un cri d'alarme que lancent ces auteurs. Elles dénoncent le mal dont sont victimes ces jeunes rejetés, ballotés ou mal aimés. Certains refusent leur indignité en se suicidant comme c'est le cas pour l'héroïne d'Andrée Laberge. Heureusement, les héroïnes d'Arcan et de Labrèche, se sentant sur le borderline de l'irrémédiable, ont pensé à la thérapie.
Borderline est un premier roman qui n'est pas sans maladresses. L'auteur étend trop de beurre d'arachides sur sa tartine, mais les faiblesses sont compensées par son authenticité. C'est un roman pertinent, mais si on cherche à s'émoustiller ou si on se scandalise facilement, on risque de rater le message.

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Du désarroi dans le fond de la gorge

6 étoiles

Critique de Calepin (Québec, Inscrit le 11 décembre 2006, 42 ans) - 17 février 2010

4e de couverture : Je suis bordeline. J'ai un problème de limites. Je ne fais pas de différence entre l'extérieur et l'intérieur. C'est à cause de ma peau qui est à l'envers. C'est à cause de mes nerfs qui sont à fleur de peau. Tout le monde peut voir à l'intérieur de moi, j'ai l'impression. Je suis transparente. D'ailleurs, tellement transparente qu'il faut que je crie pour qu'on me voie.

Mon avis : Borderline est une montée d'intensité incontrôlable. Une vie vécue sans limites, toute croche, coiffée d'une enfance mal aimée. On revient sur les femmes de sa vie, sans cesse, tantôt méchantes, tantôt hystériques, comme une décharge de poubelles. Ça vient nous chercher. Pour ça, il n'y a pas de doute. Malgré la justesse du ton, malgré les éléments tout à fait logiques pour représenter cette course pour être vue, être considérée, j'en ai presque fait une indigestion. C'est trop. Quant à la langue, je fais partie de ceux qui n'aiment pas beaucoup les sacres, à moins que ce soit justifié. Mais encore là, c'est trop. Et ce malgré que trop, c'est borderline.

Je n'ai pas toujours été convaincu par le dialogue intérieur de la petite fille. Parfois oui, parfois une réflexion ou une comparaison trop adulte ou trop abstraite. On ne s'en cachera pas, l'écriture par le biais d'un enfant est toujours très poignant, mais il renferme une quantité de pièges à éviter. En autre de le faire penser avec nos idées d'adultes. Et quand on y arrive, même seulement à quelques reprises, ça ne porte plus.

Un livre coup de poing qui nécessite une dose de calinours par après.

Pour les personnages

8 étoiles

Critique de Gabri (, Inscrite le 28 juillet 2006, 37 ans) - 18 décembre 2008

Les passages que j’ai le plus aimés dans ce roman sont ceux des retours dans le passé que l’auteure alterne avec le présent de son personnage, Sissi. Mi-fictif, mi-autobiographique, chaque retour est une nouvelle anecdote racontée par une petite fille attachante qui n’a surtout pas froid aux yeux. Ce sont des souvenirs sombres, variés, qui parlent de pauvreté et de violence psychologique, mais qui sont racontés d’une manière que j’ai trouvée tellement attachante! L’auteure mélange habilement perception enfantine et réalité adulte, et le résultat est à la fois triste, drôle et très touchant.

Pour ce qui est des passages sur le présent de Sissi, il est vrai qu’ils deviennent parfois un peu redondants à force de scènes de décadence, de sexe et d’alcool, mais le rythme est resté bien vivant pour moi grâce à l’alternance qui est faite entre le présent et le passé. Peut-être est-ce un peu excessif par endroits, mais selon moi, la personnalité borderline est bien illustrée dans cet aspect du récit. J’ai bien aimé!

L’apitoiement

6 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 4 juillet 2005

De nombreux écrivains modernes ont succombé à la tentation de l’auto fiction. Après tout c’est plus facile de parler de soi que d’inventer la vie de personnages. Ici, il s’agit aussi d’une forme d’auto psychanalyse. Avec une écriture adolescente, pornographique, l’auteur nous fait part de cette rage qui la ronge de l’intérieur. « Dorénavant, mes jeux n’auront plus de frontières et je serai en guerre contre l’humanité, mais surtout contre moi-même. »

Étant donné que la majorité du livre est consacrée à l’auto flagellation, on apprend peu de cette grand-mère ignoble qui a écorché la narratrice. On doit se fier à celle qui nous raconte et assumer que cet épanchement de misérabilisme et de pleurnichage est légitime.

Un roman dur, moderne empreint de désespoir comme souvent on en écrit au Québec.

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