De la convivialité : Dialogues sur la société conviviale à venir
de Alain Caillé, Marc Humbert, Serge Latouche, Patrick Viveret

critiqué par Bolcho, le 31 janvier 2013
(Bruxelles - 75 ans)


La note:  étoiles
Sur les traces d'Ivan Illitch

Comment construire une société où l'on se plaise à vivre ensemble, même avec une croissance économique très basse ou négative ?
Un livre qui n'intéressera pas ceux qui pensent que l'état de société se résume à une guerre économique et financière de tous contre tous et que cela doit rester ainsi...

Pour les autres donc.
Les sociétés archaïques ne reposaient pas sur des fondements utilitaristes mais sur la triple obligation de donner, recevoir et rendre, sur l'obligation donc de rivaliser de superbe et de générosité pour être reconnu comme pleinement humain.

Quelques chiffres parmi tant d'autres.
- Selon l'ONU, la fortune personnelle de 225 personnes est égale au revenu cumulé de 2,5 milliards d'êtres humains.
- Sur les 3 200 milliards de dollars qui s'échangent quotidiennement sur les marchés financiers en 2008, seuls 2,7% correspondaient à des biens et des services réels !
- Il faudrait trouver 40 milliards de dollars pour couvrir les besoins vitaux de tous. L'économie de la drogue représente 400 milliards de dollars, les dépenses de publicité 400 milliards aussi et 800 milliards pour les dépenses d'armement.

La société économique de croissance et de bien-être ne réalise pas l'objectif proclamé de la modernité, c'est-à-dire le plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Cela renforce l'intuition d'Ivan Illitch : « le taux de croissance de la frustration excède largement celui de la production ».
Et Jean Baudrillard : « une des contradictions de la croissance est qu'elle produit en même temps des biens et des besoins, mais qu'elle ne les produit pas au même rythme ». Il en résulte ce qu'il appelle une « paupérisation psychologique » qui « définit la société de croissance comme le contraire d'une société d'abondance ».

La convivialité vise à retisser le lien social détricoté par « l'horreur économique ». Or, la conception économiciste et utilitariste du monde est si universalisée que nous peinons à imaginer autre chose.
Même un indicateur alternatif au PIB est trompeur puisqu'il tend à laisser croire qu'on peut chiffrer le bien-être.