L'attentat
de Harry Mulisch

critiqué par Pucksimberg, le 1 mars 2013
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un vrai coup de maître !
En 1945, un homme est sauvagement assassiné dans une rue de Haarlem. Les Pays-Bas sont encore occupés par les Allemands. Ce cadavre abandonné dans la rue, devant des demeures, est fort encombrant et compromettant pour les pauvres habitants du quartier même si l'on se sait innocent. C'est ce qui va se produire devant la maison d'Anton alors qu'il n'est qu'un enfant ! Les Allemands débarquent violemment dans la demeure familiale des Steenwijk afin de venger l'homme assassiné. Anton devient orphelin en quelques minutes. Ses parents sont fusillés, tout comme son frère Peter. Sa maison est brûlée.
Il est confié à son oncle et à sa tante à Amsterdam. Contrairement à ce que pourrait attendre le lecteur, Anton n'est pas dépeint comme un enfant brisé et le roman ne bascule pas dans le pathétique.

Ce roman se lit d'une traite. On suit Anton durant son adolescence, ses années universitaires, sa vie d'adulte. Au fil des ans, des lambeaux du passé ressurgissent malgré lui, soit parce qu'il rencontre une personne qui lui rappelle certains souvenirs, soit parce qu'un mot fait écho avec ce qu'il a vécu ... Le lecteur est captivé par ce personnage attachant, profondément humain, qui fait preuve de discernement même dans des situations délicates. Il ne condamne pas, ne se révolte pas, mais veut comprendre.

Ce roman est une peinture des Pays-Bas de 1945 jusqu'au début des années 80. Harry Mulisch évoque les principaux évènements historiques qui ont marqué l'Histoire du pays. Il propose de manière implicite une réflexion sur le terrorisme, qui peut rappeler des pièces comme "Les Justes " de Camus ou "Les Mains sales " de Sartre. Mulisch n'impose pas sa propre vision et laisse la liberté au lecteur de tirer ses propres conclusions s'il y parvient. Le roman est polémique et certains dialogues auxquels Anton se trouve mêlé sont véritablement embarrassants, surtout parce qu'il ne réagit pas forcément comme on l'aurait imaginé, ou voulu.

Comme dans un puzzle, les pièces s'assemblent et l'on y voit plus clair.

Roman passionnant, bien ficelé et vraiment surprenant !