La pensée-paysage : Philosophie, arts, littérature
de Michel Collot

critiqué par Lectio, le 12 janvier 2013
( - 75 ans)


La note:  étoiles
Penser notre paysage
L'évolution rapide des technologies et de nos modes de vie accompagnent une urbanisation grandissante assortie d'une désertification des campagnes. La conséquence de ces changements a contribué à la dégradation de nos environnements si bien que la notion de paysage fut délaissée et abandonnée. Or, depuis quelques années nous assistons à un revirement fondamental. Le paysage, les paysages, reprennent une place première dans nos projets et styles de vie et cela dans tous les domaines. Car cette attention au paysage dépasse la simple préoccupation environnementale. Telle est la démonstration de Michel Collot. S'appuyant largement sur la phénoménologie et notamment Merleau Ponty, l'auteur M. Collot oppose le cogito de Descartes qui repose sur la réflexion et l'introspection au "cogito perceptif" qui suppose l'ouverture de la conscience au dehors. C'est ainsi qu'après une réflexion très phénoménologique, M. Collot nous invite à une pensée nouvelle où " le paysage nait d'un échange entre le monde sensible et notre sensibilité", il n'y a pas le paysage et nous, nous sommes avec et dans le paysage. Dans des chapitres, pas trop longs, découpés en sous-chapitres, avec un texte simple, clair (pas de mots compliqués) sont exposés une approche de la ville et du paysage, de l'identité européenne et du paysage, de la structure d'horizon entre Orient et Occident. Le nouvel art du paysage traite bien sûr du paysagiste architecte et jardinier de l'horizon mais aussi de la photographie, du cinéma, de la sculpture ainsi que de la peinture notamment impressionniste et contemporaine, de la littérature et de la poésie. Ces derniers aspects sont, à mon sens, les plus intéressants et passionnants. Illustrée par une quarantaine d'oeuvres correctement incluses dans l'ouvrage nous rencontrons, découvrons ou redécouvrons "une autre peinture" avec Cézanne, Mondrian, Roger Bissière, Nicolas de Staël, Pierre Tal-Coat... Les paysages littéraires ne sont pas oubliés avec de remarquables chapitres sur Yves Bonnefoy et la peinture paysage, René Char (se rencontrer paysage), la langue peinture d'André du Bouchet et un superbe chemin avec Julien Gracq. Pour poursuivre ces réflexions sur le sujet, le livre comporte sobrement mais avec précision des références sur chaque idée ou sujet traité. Une aide magnifique pour devenir conscient que nous sommes acteurs et non passifs tant pour rencontrer un paysage rural ou urbain qu'une oeuvre picturale ou littéraire.