Soupir de Ananda Devi Nirsimloo

Catégorie(s) : Littérature => Africaine

Critiqué par Darius, le 15 janvier 2003 (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans)
La note : 9 étoiles
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Royal Palm

- Nous parions sur l'écriture des continents noirs pour dégeler l'esprit romanesque et la langue française du nouveau siècle. Nous parions sur les fétiches de papier qui prennent le relais des fétiches en bois - (les éditions Continents noirs). En effet, la littérature africaine vaut vraiment le détour pour la saveur de sa langue et l’utilisation anti-conformiste des mots !
Soupir est un morceau d'îlot perdu de l'île Maurice où "on naissait sans jambes, comme No‘lla, puisqu'on n’avait nulle part où aller.
Ile irréelle, irréalisée, rêvée, nous ne finirons jamais de la découvrir et de la haïr".
Dans ce roman poétique, l’auteur, originaire de l'île Maurice, aborde plusieurs problèmes pour lesquels il donne des explications originales : Le fait pour les hommes de délaisser leur foyer serait la conséquence de l’esclavage : "Les hommes refusent d'être enchaînés depuis l'esclavage. Peut-être que c’est ce souvenir-là qui s'obstine à nous faire partir, déguerpir, prendre le large dès qu'on a l’impression de liens noués autour de nos poignets ou de nos cÏurs. Peut-être que nous préférons trahir les femmes plutôt que la liberté".
Et la prostitution ? "Elles vendent leur corps puisqu’aucun homme ne mérite qu'elles le leur donnent".
Et le tourisme sexuel ? Laissons parler la gamine de 11 ans, juste pubère, violée dans un bois près d’un hôtel de luxe, "par un homme aux mains immenses, aux mains riches de coups et de caresses qui ne lui font pas le moindre effet, le rituel du bois où elle rejoue sa propre mort, les rencontres deux fois par an qui achèvent de la ciseler et de l'entailler et qu'elle accepte en pensant qu’il l'achèvera complètement" Et ce petit garçon né d’une benne à ordure et d’une serviette de luxe, que sa mère jettera à la poubelle et qui survivra sous le nom de Royal Palm...
Ah, c'est bien dur d’entendre la perversité qui se cache sous ce type de tourisme même si l'auteur dépense des torrents de talent pour l’exprimer : "Il t'empale et laisse en toi une morve blanche. Il revient chaque fois boire à sa violence. Et je suis sa source. Je pense à chaque fois qu’il finira par me tuer, mais je sais à présent qu'il ne le fera pas. Pourquoi le ferait-il ? Je suis la seule qui lui donne l'impression de vivre, sinon là-bas dans son pays, il n'est qu’un cadavre bleu de froid comme tous les autres, aveuglés de lumières blafardes, assourdi de bruits dès qu’il ouvre la fenêtre, le goût de la fumée sur sa langue.. Mais ici, dans mes yeux ouverts de peur et de douleur, il se voit vivre, il voit une souffrance, et s'il me frappe encore et encore, c’est pour mieux se délivrer de ses cris.. ".

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