L'habit ne fait pas le moine
de Philip Roth

critiqué par Nothingman, le 12 janvier 2003
(Marche-en- Famenne - 44 ans)


La note:  étoiles
Nouvelles intelligentes
Deux petites nouvelles de l'auteur de "la tache", déjà parue dans un autre recueil plus ancien celui-là: "Goodbye Colombus". Deux petites histoires pour analyser les rapports entre l'Amérique et le monde juif.
La première, Défenseur de la foi, se déroule dans le milieu militaire pendant la deuxième guerre mondiale. Elle raconte l'histoire du sergent Marx, sergent d'instruction, confronté à une recrue d'obédience juive, Sheldon Grossbart. Celui-ci va demander au sergent la permission pour lui et deux de ses congénères de se rendre à la synagogue. Et de service en service, le sergent va se voir manipulé.... Cette nouvelle nous confronte au monde juif, à sa communautarisation et à sa victimisation, mais toujours avec un humour caustique.Intelligent!
La deuxième est nettemnt moins réussie, elle conte les souvenirs de collège d'un jeune étudiant qui se lie d'amitié avec deux italiens. Les joies, les tribulations inhérentes de ces collégiens et parfois évidemment quelques bêtises, fichées comme il se doit. Cette nouvelle est une dénonciation d'un certain bureaucratisme: à la moindre erreur, c'est le fichier qui vous suit toute la vie!
Deux nouvelles intelligentes, grinçantes mais c'est trop court...
Rien de transcendant 6 étoiles

Deux petites nouvelles rigolotes qui nous permettent de comprendre qu'effectivement, l'habit ne fait pas le moine. La première nouvelle, qui se passe dans un camp militaire américain est, selon moi, nettement plus aboutie. Elle dépeint l’ambiguïté d'être juif ET soldat à la fin de la seconde guerre mondiale. Il est fort difficile pour un Juif, et cela et toujours vrai dans la société actuelle, de pouvoir jouer un rôle de citoyen classique (professionnel, membre d'une association, sportif, peu importe) et de pouvoir, en même temps, demeurer religieux. Je pense que cela reste valable pour toutes les religions à partir du moment où la personne en question est un tant soit peu religieux. Par exemple pouvoir exercer une activité professionnelle pendant le ramadan, etc...

Nous assistons donc ici aux difficultés que rencontrent certains soldats américains qui aimeraient jouer leur rôle de soldat sans pour autant délaisser leur religion et nous comprenons là toutes leurs difficultés. Par ailleurs, et c'est ce qui est intéressant dans cette nouvelle, nous voyons comme un des personnages principaux, Grossbart, joue de ses relations et de son côté "profiteur" pour mettre toutes les chances de son côté et s'arranger en quelque sorte la vie, de manière à lier activité professionnelle et religion.

Cette nouvelle se lit en moins d'une heure, elle peut être intéressante à bien des égards, ne serait-ce que pour découvrir l'auteur mais ne transcende pas non plus la littérature américaine post-guerre mondiale.

Clubber14 - Paris - 44 ans - 28 mars 2013


Une sorte d'agréable introduction 8 étoiles

Rentré d'Europe en héros à la fin de la seconde guerre mondiale, le sergent Marx se retrouve formateur dans une compagnie d'instruction. Sheldon Grossbart, une jeune recrue juive ne cesse de lui réclamer des passe-droits pour ses deux coreligionnaires et pour lui-même : permission d'aller à la synagogue le vendredi, jour de corvée de nettoyage pour les goyim, meilleure nourriture au mess, permission pour Pâques un mois après la date et affectation loin du théâtre des opérations du Pacifique. Juif lui-même, Marx se sent solidaire, mais finit par en avoir assez... Dans une high school new-yorkaise, un jeune étudiant se lie d'amitié avec deux fils d'immigrés italiens, Albie Pelagutti et Duke Scarpa, déjà délinquants et futurs gangsters. Ils organisent un chahut dans la classe d'orientation et filent à l'anglaise pour échapper aux sanctions qui retombent sur l'étudiant naïf...
Ce recueil de nouvelles du grand auteur américain est assez amusant et peut éventuellement servir de première approche avant une lecture plus complète des grands titres de cet auteur comme « Portnoy et son complexe », « Pastorale américaine », « J'ai épousé un communiste » ou « Un homme ». Le lecteur y trouvera tout l'humour malicieux et toute l'intelligence pétillante de Roth, auteur toujours attaché à décrire avec subtilité et sans aucune complaisance les rapports ambigus de la société américaine et de la communauté juive. Une sorte d'agréable introduction et d'entrée en matière sous une forme raccourcie.

CC.RIDER - - 66 ans - 19 octobre 2012