De la pédagogie
de Jean Piaget

critiqué par Elya, le 29 décembre 2012
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Aider l'enfant à sortir de son égocentrisme
Silvia Parrat-Dayan et Anastasia Tryphon (des inconnues pour moi, même après une recherche rapide sur le web) rassemblent ici des textes issus essentiellement de conférences, congrès et interview présentés par Jean Piaget. Dans une ample introduction, ces 2 femmes, qui doivent être des universitaires en psychologie, résument l’œuvre de Piaget de 1930 à 1970 dans le domaine de l’éducation. Elles signalent d’emblée que sur la soixantaine de livres publiés par Piaget, seuls 2 ont pour thématique principale la pédagogie. Ainsi, le nom de Piaget est plutôt rattaché à la psychologie, l’épistémologie et la philosophie.
Nous passerons sur ce préambule : une parfaite synthèse des textes de Piaget mais qui pourrait laisser une interprétation faussée. Comme souvent, il est agréable et nécessaire d’en revenir à la source : c’est ce que nous proposent les auteurs.

Il est très facile de tirer de ces lectures les thèses globales de Piaget. Entre 1930 et 1970, il se répète beaucoup, ce qui facilite l’appropriation de ses concepts.
Le développement de l’enfant est dépendant de deux formes de respect bien distinctes ; le respect envers l’autorité, unilatéral, imposant une contrainte spirituelle et/ou matérielle ; le respect de la coopération, sans hiérarchie et sans contrainte. On devine bien sûr que si le premier est le plus répandu, notamment à l’école, Piaget milite pour la seconde forme de respect. Pour le mettre en pratique, il insiste sur l’intérêt des travaux en équipe et du self-government (attribuer une part de responsabilité dans la discipline scolaire aux élèves). Ces méthodes permettraient de libérer l’enfant de son caractère inné égocentrique, sans logique ni objectivité. On adhère forcement à ces idées, mais Piaget souligne bien le hic : si ces procédés séduisent, encore faut-il qu’ils soient réellement efficaces. Pour l’affirmer, une seule issue : la recherche expérimentale. Et c’est là la grande faiblesse de ce recueil ; j’aurai préféré que les auteurs privilégient une revue de littérature des travaux scientifiques qui ont appuyé ou contredit les théories de Piaget plutôt qu’une synthèse de propos d’un vulgarisateur facile à comprendre.

Le réel profit que j’ai tiré de ce livre réside plutôt dans les anecdotes concernant les étapes de l’apprentissage de l’enfant, et plus précisément tout ce qui concerne ce fameux « égocentrisme ».
Par exemple, savez-vous qu’un enfant bien que capable de différencier sa main droite et sa main gauche ne saura pas désigner celles de la personne en face de lui avant 8 ans, en règle générale ? Ou bien que si l’on demande à un petit garçon de 7 ans ou moins s’il a un frère, il saura vous répondre oui, mais si vous lui demandez alors si son frère a un frère, il vous répondra non ?
Dans la pratique, qu’est-ce que ça donne ? Sachant que le raisonnement de type hypothético-déductif n’apparaît que vers 11 ans, on est en droit de se questionner sur l’enseignement des mathématiques, qui se veut axiomatique à un âge où c’est un mode de pensée nébuleux.

Une lecture indispensable pour tous ceux qui travaillent auprès d’enfants !