Africa Dreams, Tome 2 : Dix volontaires sont arrivés enchainés
de Jean-François Charles (Scénario), Maryse Charles (Scénario), Frédéric Bihel (Dessin)

critiqué par PPG, le 28 décembre 2012
(Strasbourg - 48 ans)


La note:  étoiles
Acte 2 : essai transformé !
Nous avions laissé il y a deux ans un premier tome très prometteur, dans l'attente d'un second que nous espérions taillé dans le même bois : c'est chose faite !
Une série qui poursuit un objectif de taille : expliquer le système colonial mis en place par la folie des grandeurs du roi Léopold II (qui n'aura d'ailleurs jamais mis les pieds de toute sa vie au Congo) au nom du supposé bien fait civilisateur européen. Cependant, le Congo était avant tout un projet capitaliste dans toute sa "splendeur" : le retour sur investissements était un impératif, coûte que coûte. C'est pourquoi sur place, parce qu'il fallait récolter du caoutchouc selon des quotas toujours plus importants, beaucoup d'exactions étaient commises à l'encontre des populations autochtones (terreur, brimades, amputations, meurtres, esclavagisme...).

Après avoir rétabli la vérité sur son père (qui n'était pas l'ignoble individu que prétendait la rumeur), le missionnaire Paul Delisle rejoint Kibanga où se situe la mission des Pères Blancs d'Alger. Il assistera, de façon impuissante, à l'état dans lequel se situe la pensée catholique, faite de prudence et d'aveuglement utilitaire. D'autres personnages (authentiques) tels qu'Edmund Dene Morel, travaillant pour la compagnie maritime Elder Dempster qui assurait la liaison Anvers - Boma, et Roger Casement, diplomate irlandais, tenteront de dénoncer dans une campagne sans précédent au Royaume-Uni le scandale humanitaire au Congo. Parallèlement à cela nous assisterons à la déshumanisation de Léopold II, déconnecté de la réalité, plus mégalomane que jamais.

"Dix volontaires sont arrivés enchaînés" marque, par ce titre évocateur et paradoxal, le chaos qui régnait dans cette vaste étendue. La Force Publique constituée de personnes autochtones vient heurter nos sens. A ce titre, la saisissante photographie sur le deuxième et troisième de couverture nous donne le vertige, la nausée.

Pédagogique, utile par son aspect mémoriel, cette bédé est aussi très esthétique : Frédéric Bihel, dessinateur et coloriste, a effectué un travail de grande qualité : c'est propre, précis, tout est à sa place, sans excès. Bravo à lui.

Un troisième tome se prépare ("Ce bon Monsieur Stanley"), donc, rendez-vous dans 2 ans.