Les failles de l'Amérique
de Bertrand Gervais

critiqué par Libris québécis, le 17 décembre 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Profil du tueur fou
Ce qui est survenu à Newton n’échappe pas à l’entendement quand on s’est donné la peine de lire sur le sujet. Les États-Unis sont particulièrement frappés par des assassins isolés. D’Oklahoma City où l’on a tué 16 enfants d’une maternelle à l’université de Montréal où l’on a tué 14 étudiantes, c’est toujours le même scénario qui se déroule. L’assassin s’amène dans un établissement scolaire sans trop de difficultés pour exécuter son ignoble tâche. La solution s’impose d’elle-même : le contrôle des entrées.

Bertrand Gervais a écrit un roman lumineux sur le sujet. Dans Les Failles de l’Amérique, le héros est un étudiant québécois de l’université Santa Cruz de Californie. Son déséquilibre provient du désir de réussir et de la peur de ne pas y arriver. Ce syndrome détruit sa personnalité au point de se transformer en masse amorphe, soumise aux forces du mal. La vie ne valant donc pas la peine d’être vécue, la mort des autres apparaît comme un acte libérateur.

Ce roman d’une très grande richesse présente les dérives indésirables d’une société déconnectée de la nature humaine, comme le déclarait l’architecte Le Corbusier. Privés de leur essence et prisonniers des labyrinthes créés par des gratte-ciel, qui abusent de l’étalement céleste, les humains se comportent comme des rats névrosés qui n’arrivent plus à reconnaître leur chemin.

En somme, les failles de l’Amérique conduit à la folie collective, dont le prix profite au lobby des armes à feu. La Coïncidence de Fulvio Caccia (http://litterature-quebecoise.com/oeuvres/…) et Dans l’ombre de Marc Lépine (http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/31061) sont aussi des romans qui ont traité de cette dynamique du tireur fou. Et d’une certaine manière, on peut accoler Hollywood de Marc Séguin (http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/34164) à la thématique. Mais lire ne suffit pas. Comme disait Obama, « il faut agir ». Pour qu’il agisse, il faut un peuple qui ne s’émeut pas seulement devant son écran de télévision ou dans les forums de discussion.