Hollywood
de Marc Séguin

critiqué par Libris québécis, le 16 décembre 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
De la mort à Newtown via Jersey City
Les cloches des églises de Jersey City vont bientôt tinter pour annoncer la naissance du messie. Ironie du sort, Branka Svetidrva va mourir d’une balle perdue, précipitant du coup son accouchement. Rien ne naît, semble-t-il, sans subir le creuset de la mort.

Pourtant la jeune femme avait survécu aux balles des snipers de Sarajevo, sa ville natale. L’un deux a plutôt profité d’un contexte belliqueux pour la violer. Venue aux États-Unis via la France pour refaire sa vie, elle a rencontré l’homme de sa vie. Le roman s’attache à leur histoire d’amour, un amour toujours remis en question dans le cadre du rêve américain. Mais comment peut-on survivre à la mort de son amante ?

C’est la course de l’amant à travers les rues de Jersey City, laquelle se termine chez un couple d’anciens hippies en deuil d’un enfant adopté, tué au Vietnam. Éros et thanatos se disputent la destinée de personnages qui croient moins en l’avenir qu’au présent qu’ils voudraient délester du mensonge. Le roman aborde en fait la vie frelatée que tout un chacun mène en se mirant dans un miroir aux alouettes pour s’ajuster à l’image de l’American Dream que brandissent les suppôts de la vie hollywoodienne.

Le rêve américain contourne le quotidien pour encourager la gloriole personnelle telle que le propose Andy Warhol. Mais, à l’instar d’Ulysse qui refuse la proposition de Calypso, les personnages se penchent plutôt sur le hic et nunc de leur vie. Et la vie se conjugue avec autrui. Les ponts sont plus importants que l’insularité. Il ne s’agit pas de se dépasser, mais de passer ensemble sur un territoire miné par de fausses valeurs.

Marc Séguin vient d’écrire une œuvre forte, une œuvre phare qui souligne ce que l’on veut vivre. L’œuvre va droit à l’essentiel pour s’approcher du centre d’autrui en employant un style hachuré. Un mot, un point. La phrase nominale en dit souvent plus long qu’un discours interminable.
Hollywood... vraiment? 8 étoiles

Première constatation: si pour vous Hollywood rime avec stars, bijoux et paparazzis, vous sortirez de ce roman un brin déçu. On est bien loin de cette vie de luxure!
On a plutôt droit à une histoire dure, triste, rocambolesque et d'une grande profondeur à mon avis. J'ai souvent dû m'arrêter sur certaines lignes afin de méditer sur le sens des pensées. C'est très bien ainsi, même si j'ai parfois été agacé par les très (trop?) nombreuses citations à caractère philosophique du roman. Si cette Branka avait été réelle, elle aurait sans doute pu donner des cours de "philo" aux plus grand penseurs de notre ère, c'est vous dire!
Mais bon n'accrochons pas à cela, parce que cette lourdeur est vite effacée par les éléments de surprises: l'histoire, quoiqu'invraisemblable, est tellement bien racontée qu'elle nous semble réelle. Cela est doublé d'une très belle histoire d'amour qui ne m'a pas laissé indifférent. J'ai trouvé "Hollywood" ,de Marc Séguin, surprenant, touchant et très profond. Un bon moment quoi.

Jonath.Qc - - 45 ans - 24 mars 2013