Max Havelaar, ou, Les ventes de café de la compagnie commerciale des Pays-Bas
de Multatuli

critiqué par Rotko, le 7 janvier 2003
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
Une mise en garde contre les abus de pouvoir.
Une mise en garde contre les abus de pouvoir.
Multatuli ( = "j'ai beaucoup souffert") est le pseudonyme de Edouard Douwes Dekker (1820-1887) qui dénonce dans "Max Havelaar"(1859), l'oppression néerlandaise sur les Javanais.
Deux fils directeurs : un bourgeois égoïste et repu ( le lecteur hollandais ?) avec ses préjugés et ses préoccupations étroitement économiques. D'autre part un assistant-résident des Indes Néerlandaises (Max Havelaar) qui veut protester contre son injuste destitution.
Le premier narrateur, Batavus Droogstoppel, courtier en café et pilier de la Bourse, est une caricature vivante de l'homme mercantile dépourvu de générosité. Ses bêtes noires sont les pauvres qui le sollicitent et les écrits qui voudraient lui dessiller les yeux. On le suit pendant environ cent pages, pour découvrir ensuite l'histoire de Max Havelaar, le vrai héros de ce roman, qui donne à l'oeuvre toute sa portée.
L'assistant-résident dans les Indes néerlandaises explique parfaitement comment fonctionne le système colonial dont il dénonce les tares et les monstruosités. On voit l'optimisme officiel : à tous les niveaux chacun adresse à son supérieur hiérarchique des rapports satisfaisants, si bien que "le gouvernement des indes néerlandaises écrit à ses maitres de la métropole que tout va pour le mieux". Chacun y trouve son compte, les fonctionnaires hollandais comme les notables indigènes qui s'assurent ainsi une vie confortable.
La réalité est pourtant moins rose : le peuple javanais est soumis à l'arrogance des petits et grands chefs, volé sans vergogne, cruellement réprimé à la moindre velléité de protestation, contraint à la misère silencieuse ou à l'exil.
Devant la conspiration du silence des officiels, Max Havelaar s'insurge : il choisit de défendre "la cause de la justice et de l'humanité, qui est celle en même temps d'un intérêt politique bien compris". Il sera destitué "pour méconnaissance des "règles de subordination à supérieur hiérarchique". Il décide donc de continuer son combat par d'autres moyens, notamment par l’écriture, car il doit porter témoignage ; L'important est qu'il soit lu.
On a donc affaire un livre multiforme, un "manteau d'Arlequin", comme le dit l'auteur. On y trouve des caricatures, des scènes larmoyantes, des poèmes lyriques, des attaques virulentes. ce livre est un roman, un recueil et un pamphlet.
Il s'interroge aussi sur l'art d’écrire, et la bonne manière de servir un idéal. Aux exégètes de s'interroger et de polémiquer sur les sources autobiographiques de l'ouvrage, parfois citées dans leur matérialité, sous forme de lettres par exemple ou de documents ; Le lecteur, une fois accroché (il faut franchir le cap des cent premières pages) suit le mouvement : fait-on une digression sur les amours contrariées d'un jeune Javanais contraint de quitter le pays à cause de la cupidité des chefs locaux qui volent ses buffles, ses instruments de travail ? le lecteur souffre avec lui, même quand le narrateur précise que cet épisode est une fiction pour attirer son attention sur la concussion des pouvoirs en place ; On voit à la fois le théâtre et les coulisses, la machinerie et la toile peinte des décors.
On pense à Sterne et à la grande liberté de son récit, et à Diderot qui prend son lecteur à témoin. On aimerait le lire à voix haute. Ce livre est paraît-il un classique des élève néerlandais, je l'ai découvert par l’intermédiaire de Pramoedya Ananta Toer,(cf Le monde des hommes, Rivages). Il instruit à tout point de vue, forme le lecteur et le citoyen, et rappelle aux pouvoirs en place qu'il existe des hommes talentueux et incorruptibles.
Dommage que ce soit si lourd à lire 3 étoiles

Oui, le sujet sur les abus de pouvoir est intéressant, un vrai témoignage de ce qui régit le monde depuis tant d'années entre les pays développés et ceux en voie de développement ou plutôt devrais-je dire, entre les dominants et les dominés.
Je ne sais pas en revanche, si c'est l'inexpérience de l'auteur dans l'écriture ou le style de l'époque, mais ce livre est épouvantable de lourdeurs, de digressions. Les narrateurs se confondent et les phrases s'allongent à n'en plus finir.
Honnêtement, il faut aller au bout pour comprendre pourquoi on a pu faire de ce Max Havelaar un symbole pour le commerce équitable, mais vraiment, bon courage à ceux qui se lancent.

Saperlipop - - 41 ans - 7 novembre 2006