Un homme sans patrie
de Kurt Vonnegut

critiqué par Heyrike, le 30 novembre 2012
(Eure - 56 ans)


La note:  étoiles
Un homme indigné
Il faut rire de tout proclame l'auteur, seule possibilité de nous libérer de nos frustrations récurrentes, l'humour doit agir comme un laxatif pour nettoyer nos cerveaux des peurs permanentes qui nous encerclent tout au long de notre existence, exacerbées par un monde absurde et affligeant.

Il s'insurge avec virulence contre ce qu'est devenu son pays où l'amour de l'argent a pris l'ascendant sur l'affection humaine. Socialiste dans l'âme, il sait pertinemment que l'idéal d'une société socialiste n'a pas encore vu le jour. Cette utopie vertueuse s'est abîmée dans le chaos et l'horreur des régimes totalitaires parés de l'idéal communiste qui ont œuvré à la destruction de toutes ses valeurs. Le communisme n'impliquait pas plus l'avènement de Staline que le Christianisme n'impliquait celle de l'Inquisition. Chacun prônait l'égalité et la fraternité entre tous les êtres humains avant de se confondre dans l'absolutisme d'un pouvoir sanguinaire et immuable.

L'environnement est pour lui un sujet essentiel ou plutôt sa destruction systématique par toutes ces monstrueuses machines infernales (incarnation de notre soif d'éternité) qui engloutissent inéluctablement les ressources de notre planète virevoltant dans l'incommensurable galaxie source d'émerveillement et de renonciation à la fois.

Américain d'origine Allemand, il a combattu durant la deuxième guerre mondiale pour sauver le monde de la barbarie Nazie, fait prisonnier il est transféré à Dresde où il assiste, cloîtré dans une cave, au bombardement allié qui réduisit la ville en un tas de cendre. Une action militaire inutile seulement motivée, semble-t-il, par l'envie des alliés d'affirmer leur puissance face à l'Union Soviétique. Kurt Vonnegut a combattu pour sa patrie, une patrie qu'il ne reconnaît plus soixante ans plus tard, une patrie qui l'a trahi en abandonnant les valeurs dont il était fier autrefois.

Un récit lucide et amer sur la société Américaine d'aujourd'hui où une guerre peut être menée sans préalable et où une élection peut être gagnée sans que pour autant soit obtenue la majorité des voix.