Doubrovski
de Alexandre Pouchkine

critiqué par Montréalaise, le 24 novembre 2012
( - 30 ans)


La note:  étoiles
Le Robin des Bois Russe
« Doubrovski » fut écrit en 1832 et publié quatre ans après la mort de son auteur, le grand poète russe Alexandre Pouchkine. Ce court roman serait inachevé en raison d'un manuscrit trouvé contenant des projets de chapitres à écrire. Un inachèvement également révélé d'une manière ou d'une autre par une «fin» un peu trop précipitée mais qui n'en demeure pas moins puissante et dramatique comme dans toute oeuvre romantique.

Le père du héros, Andreï Gavrilovitch Doubrovski, est un modeste barine vivant en bonne entente avec son voisin, le riche et débauché seigneur de Pokrovskoie, Cyrille Petrovitch Troiekourov. Mais un jour, un incident vient brouiller à jamais leur amitié et Troiekourov se venge en commettant un acte infâme : ayant appris que Doubrovski aurait perdu les documents prouvant la possession légitime de son domaine de Kisteniovka, le seigneur présente une requête devant les tribunaux et, obtenant gain de cause, parvint à s'emparer des terres de Doubrovski, ce qui plonge ce dernier dans une terrible paralysie. Vite, on écrivit une lettre à son fils Vladimir, alors membre de la Garde à Saint-Pétersbourg, pour l'avertir des événements. Le jeune homme, constatant le décès de son père et la misère dans laquelle la confiscation du domaine l'avait plongé, commence à nourrir une haine profonde envers l'usurpateur Troiekourov. Avec l'aide de ses compagnons, paysans et serviteurs aussi pauvres que lui, ils incendièrent une nuit le domaine de Kisteniovka et disparurent dans les bois. Ils mèneront une existence de bandits, attaquant les riches pour usurper de leurs biens et échappant toujours aux griffes de la police. Mais le «brigand Doubrovski », habité par la vengeance, cherchera à nuire à Troiekourov mais ce sera sans compter la fille de ce dernier, Maria Kirilovna, dont il tombera amoureux...

Le scénario est brillant et le style de Pouchkine est simple tout en étant riche en évocation et en psychologie. Les personnages sont attachants et complexes à leur manière et on peut facilement sentir une critique sous-jacente de Pouchkine contre une noblesse russe déconnectée de la réalité, lui qui a déjà flirté avec les décembristes qui ont secoué le pouvoir tsariste au début du XIXe siècle et qui ont sonné le début de sa déchéance progressive. La «fin» trop précipitée ajoute une petite ombre au tableau mais vu que ce roman n'est pas vraiment achevé, cela reste facilement pardonnable.

Un bon «Pouchkine», quoi!