Crime suspenstories : Tome 1
de Johnny Craig, Al Feldstein, Bill Gaines, Jack Kamen, Harvey Kurtzman

critiqué par Antihuman, le 17 novembre 2012
(Paris - 40 ans)


La note:  étoiles
Habeas Corpus
De toute époque l'homme a souhaité améliorer sa situation ou surtout exceller dans le crime, et depuis que la femme est, peu ou prou, son égale - et c'est peu dire... - elle aussi a bien le droit de recevoir les trophées du genre. Il y a donc dans ce premier recueil des histoires au doux thème de vengeance à venir (Vengeance!), mais également de folie furieuse passionnée (Folle à lier), de hard-boiled classique (Retour à l'envoyeur); et sinon au choix des récit dans lesquels des gens expliquent comment ils souhaitent anihiler leur maîtresse, ou alors confondre le riche millionnaire à la voiture de sport, ou encore, de façon plus originale, comment se débarrasser d'un éditeur tyrannique et pingre (Conspirateur.) Et la morale est (parfois) sauve.

Du comic policier très réaliste.


Résumé


Anthologie de récits policiers, ou plutôt de thrillers, Crime SuspenStories a vu son premier numéro publié en octobre 1950, sous le label de l'éditeur indépendant américain Max Gaynes : EC Comics. Vingt-sept numéros seront publiés en tout et des auteurs comme Frazetta, Wally Wood, Harvey Kurtzman, Jack Davis, Al Williamson... collaboreront plus ou moins régulièrement à l'aventure. Les histoires mettent rarement en avant des policiers ou des détectives privés et on y voit plutôt des crimes dont les auteurs sont ensuite punis par un jeu du destin.
Noir années 50 9 étoiles

28 histoires très noires publiées à l’orée des années 1950 par les éditions EC Comics. Des américains moyens, Monsieur ou Madame-tout-le-monde, échafaudent des plans machiavéliques pour se débarrasser d’un conjoint, supprimer leur chef pour prendre sa place, faire main basse sur un pactole etc. La majorité de ces BD tourne en effet autour de tentatives de crime parfait. Tentatives, car immanquablement la machination non seulement échoue, mais par une savoureuse et sinistre ironie du sort, se retourne contre celui qui l’a programmée. La morale est sauve, mais avant d’en arriver là, le lecteur aura pu contempler les turpitudes de l’âme humaine.

Dans d’autres histoires, nettement moins nombreuses, le héros se trouve confronté à la folie ou à une situation génératrice d’un effroyable suspense, ainsi pour « Le corps dans le crématorium » où une femme se lance dans une course contre la montre pour récupérer son mari, considéré à tort comme mort, et en voie d’incinération.

Enfin quelques titres présentés sous la catégorie « l’antre de l’horreur », n’auraient pas déparé dans « Les contes de la crypte », autre publication EC Comics, sans doute la plus connue du public français.

Ce premier tome de Crime Suspenstories est un régal : scénarios soignés et dessins très efficaces des auteurs et dessinateurs maison tels que Bill Gaines et Al Feldstein pour les premiers, Johnny Craig, Wallace Wood, Jack Davis Graham Ingels ou Jack Kamen pour les seconds. Sans oublier Harvey Kurtzman, le futur créateur de la revue « Mad ». Comme les réalisateurs de série B à la même époque, ces artistes avaient le don de camper un personnage, une atmosphère, une situation, raconter une histoire, avec une grande économie de moyens.

On peut parier que par la suite, les auteurs de polars n’ont pas hésité à s’inspirer de ces intrigues tordues et très imaginatives. Ainsi, l’excellent « Sally » (1967), roman de Howard Fast (oui, l’auteur de « Spartacus »), dont la situation de base est exactement celle de « Un instantané de la Mort » : une jeune femme apprend par une analyse qu’elle est atteinte d’une maladie incurable. N’ayant pas le courage de se supprimer, elle fait passer un contrat avec un tueur. Par la suite elle apprend que le diagnostic résultait d’une erreur du labo. Mais le tueur est déjà en route…

Espérons que les Editions Akileos poursuivront la réédition des Crime suspenstories et nous offrirons d’autres tomes d’ EC Comics, notamment les Schock Suspenstories.

Malic - - 82 ans - 16 décembre 2012