Histoire des Indiens des Etats-Unis
de Angie Debo

critiqué par Heyrike, le 14 décembre 2002
(Eure - 56 ans)


La note:  étoiles
Le cauchemar Amérindien
Cette tentative pour raconter l'histoire des Indiens des Etats Unis est une réussite, dont l'envergure laisse pantois, tant le passé de cette nation révèle la ligne de pensée qui a conduit à l'édification de la plus grande puissance mondiale.
Il faut déjà commencer par rétablir une vérité fondamentale, Christophe Colomb n'a pas découvert l'Amérique. Laissé croire cela, c'est vouloir affirmer qu'avant la venu de nos vaillants conquistadors sur ce continent il n'y avait personne qui occupait et, à plus forte raison, vivait sur ces vastes territoires. C'est oublié que des peuples comme les Creeks, les Cherokee ou les Iroquois, pour ne mentionné qu'eux, prospéraient depuis plusieurs centaines d'années. Qu'ils étaient organiser en citées et menaient une vie paisible, émaillé par quelques combats inter tribal qui ne dégénéraient jamais en massacre collectif.
Angie Debo décrit, avec clarté et un souci d'exactitude, l'invasion du continent nord américain depuis l'époque des conquistadors espagnols vers les années 1500 jusqu'aux années 1950 avec l'achèvement total de la dépossession des réserves indiennes par la loi dite de "temination".
L'homme blanc va être accueilli en ami par les peuples indiens, ses derniers seront mêmes les sauveteurs des rescapés du Mayflowers la première année de leur présence sur le sol "américain" (célébration du Thanksgiving). Par la suite les colons entretiendront des bonnes relations avec leurs voisins Indiens, allant jusqu'à établir un commerce basé sur l'échange équitable et la confiance réciproque. Le gouvernement Américain s'engagera lors d'un traité avec les tribus de l'Est à leurs accordés une représentation au sein du congrès, promesse jamais tenue.
Jusqu'au jour ou les colons voudront étendre leurs territoires en passant des accords de cessions de terres, tout aurait pu très bien se passer si la cupidité n'avait dicté leur politique. Estimant que rien ne devait s'opposer à la marche de la civilisation, ils ne vont avoir de cesse de piétiner les Indiens en dépit des accords et autres traités qu'ils passeront avec les différentes tribus indiennes rencontrées au cours de leur avance inéluctable vers l'Ouest.
Les Indiens se retrouveront impliqués dans les différents conflits qui opposeront les blancs entre eux (guerre d'indépendance, guerre de sécession, etc.…) se retrouvant dans le camp de l'un ou l'autre parti suivant les aléas des alliances et à chaque fin de conflit ils se retrouveront toujours êtres les perdants, mêmes s'ils étaient dans le camp du vainqueur.
Les Indiens devront résister à l'invasion de l'homme blanc malgré les multiples traités garantissant leurs droits sur leurs territoires aussi "longtemps que les rivières couleront et que le ciel sera bleu". Et puis apparaîtra la variole, le whisky, les massacres et bien sûr les missionnaires. Tout ce petit monde va œuvrer pour anéantir les Indiens et leurs cultures millénaires. Ils résisteront vaillamment, ne parvenant malheureusement qu'à retarder l'échéance de leurs disparitions en tant que peuples libres.
L'état Américain dans son immense "magnanimité" va créer un Territoire Indien vers 1830, où il va regrouper toutes les tribus conquises par la force, afin de libérer le continent Américain de tout Indien. Mais après avoir rassembler le plus possible de peuples en provenance des quatre coins du pays, et constater qu'ils réussissent à s'organiser en nation structurée, Washington, sous la pression des spéculateurs et investisseurs de tout poil, va tout faire pour anéantir l'organisation des tribus en votant des lois abjectes qui conduiront à l'élimination complète du Territoire Indien. Privant ainsi les Indiens de toute unité possible.
Dans les années 1950 ils vont tenter de fondre les populations Indiennes dans les villes afin de rendre ces gens invisibles allant mêmes jusqu'à leur octroyer la nationalité Américaine. Non pas dans un souci d'équité, mais uniquement dans le but de pouvoir les spolier plus aisément, car dépendant des mêmes lois que les autres Américains, ils ne bénéficient plus des lois protégeant leurs spécificités culturelles. Ce qui rendaient inaliénables la vente de leurs terres durant une longue période.
La politique engagée contre les Amérindiens dans le passé, pèse lourd sur la conscience collective des Américains qui la plupart du temps préfèrent ignorer leurs présences dans leur pays (la majorité des Américains n'ont jamais rencontré d'Indiens, ils ne connaissent d'eux que ce que les films ont bien voulu leur raconter, c'est à dire rien).
Rien ne saura jamais effacer ce passé sans nom, rien qui puisse faire oublier que cette nation s'est construite dans l'abomination d'une épopée sanglante et inhumaine plus connue sous le nom de "conquête de l'Ouest". Période dont s'enorgueillit Bush lorsqu'il prétend qu'il rétablira la Pax Americana dans le monde avec la même volonté et énergie que les pionniers de la fameuse conquête en question, cela peut laisser songeur et même faire froid dans le dos.
Je ne suis pas un Anti-Américain primaire, mais seulement écoeuré par le sort injuste subit par toutes ces populations (d'ici ou d'ailleurs) victimes de la cupidité, de la soif de conquête et de l'avidité du pouvoir. De ces nations qui utilise le nom de dieu et/ou invoque la marche du progrès et de la civilisation comme d'un argument absolu devant lequel doivent s'effacer tous les droits fondamentaux et les dignités des individus qui demande seulement qu'on les laisse vivre décemment en paix et en harmonie avec la terre notre mère à tous !!
A lire absolument si vous désirez comprendre l'origine de l'expansionnisme des Etats Unis. Les Etats Unis ont depuis le début dû faire face à l'adversité dans une contrée qui leurs était a priori hostile (à tort..). Ils n'ont réussi qu'a positionné leur politique dans la perspective d'un ennemi potentiel menaçant leur magnifique démocratie, quitte à créer de toutes pièces ses ennemies, il y a eu les Indiens au début puis toutes les nations frontalières comme les Anglais au Canada, les Espagnols au Mexique. Viendra l'URSS avec son méchant communisme et lorsque celui ci s'effondrera, il leur faudra de toute urgence trouver un ennemi contre lequel se préserver au risque de perdre toute crédibilité en tant que puissance absolue. Et comme par miracle arrive Saddam Hussein avec ses velléités expansionniste (tien ça me rappel quelque chose….), une petite guerre et puis s'en va. Pourquoi l'éliminer, il pourra toujours resservir. En attendant voilà t'y pas que se pointe Ben Laden, mon dieu quelle chance deux pour le prix d'un, il y a de quoi voir la vie en rose pour un état à la recherche de prétexte (mais est ce vraiment nécessaire.) pour pouvoir s'implanter un petit peu partout dans le monde afin de défendre nos honorables démocraties.
Je sais cela ressemble à une diatribe contre les Etats Unis (j'ai bien dit les Etats Unis et non pas les Américains, ce qui n'est pas tout à fait la même chose). Mais je le répète, je ne suis pas un anti-américain primaire, je suis juste un petit peu énervé ce soir et surtout écoeuré par toute cette inhumanité….….….
Dans la même ligne de dénonciation de la conduite des Etats Unis envers les Amérindiens il y a "Enterre mon coeur à Wounded Knee" de Dee Brown (récit de la résistance des Indiens face à l'homme blanc et des massacres qui s'ensuivirent). Et "Un siècle de déshonneur" de Helen Hunt Jackson, journaliste et femme de sénateur, qui rédigea un rapport sur les exactions des hommes blancs contre les Indiens. Elle le présenta devant le congrès afin de sensibiliser les politiciens et ainsi que soi stopper définitivement toutes les infamies qui les accablent depuis trop longtemps, en 1870. Et bien suû elle ne sera pas entendue….
Et encore... 8 étoiles

Je voudrais rappeler ici le superbe livre réalisé par Guy Le Guerec pour les photos et Jean Rochard pour le texte et qui s'intitule "Sur la piste de Big Foot"
Ce livre est préfacé par Jim Harrison, qui traite la statue de la liberté de "salope fréquemment malveillante". Cet ouvrage raconte le dernier voyage autorisé par les autorités et qui était un pèlerinage des Indiens Lakotas, du du 15 décembre au 29 décembre 90, à travers les grands froids et les montagnes du Dakota vers Wounded Knee, lieu du massacre, tout à fait gratuit, de leurs ancêtres.
Les photos sont à couper le souffle et le texte très intéressant sur toute cette histoire.
C'est une des premières critiques que j'ai faites sur ce site. A lire aussi, une vraie splendeur, le livre de James Welsh "Comme une ombre sur la terre". La critique en est aussi sur le site.
Quant aux reste des idées émises par Heyrique dans sa très intéressante critique, j'aimerais las aborder plus longuement, mais je le ferai dès que j'en aurai le temps dans la rubrique "votre opinion sur le site" qui me semble plus appropriée pour cela.

Jules - Bruxelles - 79 ans - 17 décembre 2002


Voilà qui remet les pendules à l'heure ! 10 étoiles

Juste quelques mots pour soutenir la critique d'Heyrike qui en profite, à raison, pour digresser vaillamment sur ce qui se passe actuellement dans les cerveaux déboussolés d'Outre Atlantique...

Darius - Bruxelles - - ans - 16 décembre 2002


pour ne pas oublier... 10 étoiles

Je me permets de compléter cette excellente liste en recommandant l'Entaille rouge, ouvrage de Nelcya Delanoe paru chez Albin Michel et préfacé par James Welch, qui s'attache à démontrer les répercussions de cette politique expansionniste sur les Indiens aujourd'hui. Comme le fait remarquer Heyrike, les américains continuent d'ignorer et de nier la situation des Indiens, et les mentalités n'ont guère évolué malgré une faible prise de conscience due au cinéma et à la littérature. A lire également à tout prix, "Ecrits de prison" de Leonard Peltier (éditions Albin Michel) prisonnier politique Sioux que personne n'a réussi à faire sortir de sa cellule, malgré une pression internationale.

Folfaerie - - 55 ans - 15 décembre 2002