Les Villages Assoupis V. 01 Transtaiga
de Ariane Gelinas

critiqué par Libris québécis, le 21 octobre 2012
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
En route sur la Transtaïga
Les touristes se rendent à Radisson dans le Grand-Nord québécois pour profiter, en autre, des balades en traîneau tiré par des huskies. Anissa est une jeune femme à l’emploi justement d’une entreprise vouée à l’organisation de tels tours dans cet univers quasi-désert.

Après avoir tué sa collègue de travail, l'héroïne s’engage sur la Transtaïga, une route grossière qui unit Radisson au Labrador. Elle quitte cette ville pour atteindre Combourg, un village désaffecté situé à 660 km de son point de départ. Parcours difficile et pourvu de rares postes de ravitaillement.

Anissa répond ainsi au vœu de sa grand’mère, Elda Miller, qui a fondé le village de Combourg. Avant de mourir, elle veut déléguer son autorité sur ce patelin vidé de ses habitants à l’exception d’elle-même et d’un Amérindien, père de l’héroïne. N’est pas son héritière qui veut. Pour ressusciter Combourg, il faut apporter sa contribution en cadavres pour légitimer l’existence du cimetière, preuve d’un village vivant. La vie passe par la mort selon les lois chamaniques. Comme l’héroïne est intéressée de succéder à son aïeule, elle transporte, dans le coffre de sa voiture, trois cadavres, fruits de sa cueillette meurtrière.

Le roman répond aux critères de la littérature fantastique. Le décor est propice à créer l’effroi. Univers fermé, peuplé d’arbres rachitiques, d’où peut surgir l’ennemi qui pourrait contrecarrer la mission d’Anissa. Mais, avec Aurélien qu’elle fait monter dans sa voiture en cours de route, elle se sent assurée de ressusciter le village grâce aux enfants qui naîtront de leur éventuelle union.

Ariane fait preuve d’un grand attachement à l’esprit qui a présidé aux regroupements humains. Les villages ne se constituent pas sur un coup de dé. L’auteure s’est inspirée d'un ésotérisme inspirée du mysticisme amérindien pour créer un univers fantastique qui nous repose du Moyen Âge. Mais, tout de même, on sent la cité cathare à travers une ère moderne qui veut éveiller la culture antérieure à la colonisation.

L’œuvre est fort riche. Et le propos alerte est circonscrit par un suspense qui se maintient fort bien. Malheureusement, le dernier chapitre, consacré à Combourg, est pénible à lire. La magie s’envole et l’écriture perd sa fluidité. Bref, c’est un roman qu’apprécieront les jeunes qui aiment fêter l’halloween.