Les premiers hommes dans la lune
de Herbert George Wells

critiqué par Tistou, le 28 août 2018
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Deux pour être précis. Deux hommes.
C’est 36 ans après « De la terre à la lune », de Jules Verne, que H.G. Wells écrit « Les premiers hommes dans la lune » (1901). Jules Verne, qui « se considérait avec modestie comme un simple anticipateur des progrès de la science », ne semblait pas avoir une haute opinion de la façon de Wells de traiter le sujet :

« On m’a envoyé ses livres et je les ai lus. C’est très curieux et, ajouterai-je, très anglais. Mais je ne vois pas de possibilité de comparer son œuvre et la mienne. Nous ne procédons pas de la même manière. Il me semble que ses histoires ne reposent pas sur des bases très scientifiques. Non, il n’y a pas de rapport entre son œuvre et la mienne. Je vais sur la lune dans un boulet de canon lancé par un canon. Ce n’est pas une invention. Lui va dans Mars (!!) avec un aéronef qu’il construit dans un métal qui supprime la loi de la gravitation. Ca, c’est très joli, s’écrie M. Verne avec animation, mais montrez-moi ce métal. Qu’il nous le fabrique ! »

Il reproche clairement à Wells de prendre trop de liberté avec la science, d’imaginer ex nihilo ce qui pourrait être inventé plus tard quand Jules Verne revendique plutôt une filiation moins imaginative des progrès scientifique.
C’est que ce qu’a inventé le professeur Cavor, en Angleterre, est proprement révolutionnaire. Il a conçu dans le plus grand secret un alliage (un peu compliqué !) de métaux et d’Hélium qui permet de s’affranchir de la gravitation. Plus de gravité et hop ! plus rien ne vous retient sur terre et vous la quittez.
Mais Cavor est du type doux rêveur génial et c’est sa rencontre avec Bedford, un jeune homme un peu aventurier, rêveur aussi dans son genre mais rêvant à la richesse (il est s’exilé sur la lande anglaise pour écrire une pièce de théâtre et ainsi devenir riche !). L’association des deux va cristalliser l’idée d’aller sur la lune. Pour la performance pour Cavor, dans l’idée de devenir riche pour Bedford.
Ils vont donc y aller et nous allons, avec eux, découvrir une lune que nous n’avons pas encore été capables de découvrir puisque, tenez-vous bien, Cavor et Bedford vont y découvrir une civilisation, plutôt avancée, et qui vit largement sous la surface de la lune (c’est probablement pour cela que ceux qui s’y sont aventurés n’ont rien découvert, encore …).
Interactions avec une civilisation nouvelle, des êtres nouveaux, tout ceci dans un contexte physique des plus hostiles, H.G. Wells nous développe tout cela avec même, in fine, le retour de Bedford sur terre et des communications avec Cavor resté dans la lune.
J’ai l’impression de préférer quand même le Wells traitant de mondes parallèles, plus potentiellement « poétiques », à cette œuvre d’anticipation aux pieds trop ancrés dans la technique.
N’empêche qu’un métal ou un enduit qui permettrait de s’affranchir de la gravitation, ça reste révolutionnaire comme idée !