Blair's Wars
de John Kampfner

critiqué par Oburoni, le 7 octobre 2012
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Tony va-t-en-guerre
5 guerres en l'espace de 6 ans : tel est l'un des héritages de Tony Blair sur lequel revient ici le journaliste politique John Kampfner.

Kosovo, Sierra Leone, Afghanistan et Irak : il cherche à expliquer comment un politicien qui n'avait, avant de devenir Premier Ministre aucune expérience des questions géopolitiques fut pourtant amené, au cours de son mandat, à non seulement en faire son cheval de bataille mais, aussi, ainsi transformer et redéfinir le rôle de la Grande Bretagne dans le monde.

Livre fascinant, hautement intéressant et écrit avec une objectivité remarquable, qui donnera des munitions aussi bien aux pro qu'aux anti-interventionnistes, John Kampfner fait plus que de retracer l'historique des différents conflits dans lesquels Tony Blair entraina le Royaume-Uni. Il montre surtout comment ceux-ci, chacun à sa manière, eurent un impact considérable sur l'homme, le politicien et sa façon de voir le monde.

Ainsi, par exemple, on ne peut comprendre la ferveur de son engagement en Irak si l'on n'a pas à l'esprit tout cet historique qui la précède. Car, s'il aborde (longuement) la question des armes de destruction massives il revient aussi sur d'autres aspects expliquant son zèle à supporter les Etats-Unis, quitte en l’occurrence à foutre en l'air sa réputation et celle de son pays au sein des Nations-Unies ou encore de l'Europe.

C'est que, s'il peut apparaitre cynique et manipulateur Tony Blair fut aussi un homme ferme dans ses convictions, dont la détermination tire ses sources non seulement de sa foi chrétienne (sa 'ferveur évangélique') mais, aussi et surtout, d'épisodes qui le marquèrent profondément. Le Kosovo par exemple, génocide au coeur de l'Europe, va influencer radicalement sa vision de l’interventionnisme.

Tony Blair, en fait, fut un politicien qui à tort ou à raison (encore une fois, le livre entretient un remarquable équilibre) fut un politicien qui croyait ferme au devoir d'ingérence, aux interventions pour raisons humanitaires et/ou morales quel qu'en soit le prix.

On suit ici son parcours, le chemin d'un homme qui voulait sauver le monde et dont la vision, naïve ou courageuse, manichéenne ou morale, arrogante ou justifiée va finir par se heurter à un unilatéralisme américain grandissant suite aux attaques du 11 septembre 2001.

Un livre remarquable.