Qu'avons-nous fait de nos rêves ?
de Jennifer Egan

critiqué par Psychééé, le 24 octobre 2012
( - 36 ans)


La note:  étoiles
A la recherche du temps perdu
San Francisco, des années 1970 à nos jours. L’auteur brosse le portrait d’une bande d’individus inoubliables dont les illusions s’effilochent avec la vie et ses compromis. Durant leur jeunesse, un groupe d’adolescents déchaîné crée un groupe de musique punk, se drogue, erre sans se préoccuper des conséquences, mais qu’importe, tout sourit à ces jeunes qui ont la vie devant eux. Puis les années passent, ils deviennent adultes, se perdent de vue et finissent par réaliser qu’ils n’ont pas accompli leurs rêves.

Chaque chapitre raconte la vie d’un personnage à un moment donné ; il est parfois difficile de situer le personnage ou l’époque, tant l’auteur nous balance de l’un à l’autre. Il faut alors revenir en arrière pour reconstituer ce puzzle mais ça ne fait rien, c’est cette mécanique qui rend ce roman si incroyable : le fait d’imbriquer les pièces une à une pour comprendre l’ensemble. L’art avec lequel l’auteur nous projette dans le futur, en alternant par un retour dans le passé et en revenant au présent en formant une boucle parfaite, tout cela permet de prendre réellement conscience de la fuite du temps et nous ouvre les yeux. Nous montre que ce n’est pas encore fini. Que tout reste encore possible pour tracer le destin de ces êtres étonnants.

Par ailleurs, de belles phrases ponctuent ce discours et cette réflexion sur le temps qui passe et les aléas de l’existence, comme ici : « Ils étaient jeunes, bénis des dieux, forts, à quoi bon se tracasser ? Si ça ne leur plaisait pas, ils pouvaient repartir de zéro. A présent, Bosco, malade et à peine capable de se déplacer, projetait fébrilement sa mort. Etait-ce le fruit d’une aberration monstrueuse des lois naturelles ou d’une telle évidence qu’ils auraient dû le prévoir ? En étaient-ils responsables d’une manière ou d’une autre ? »

Avec ce livre, l’auteur remporte le Pulitzer ainsi que le National Critics Circle Award 2011. Bravo !
Un bon Pulitzer 8 étoiles

« Qu'avons-nous fait de nos rêves ? » est un Pulitzer qui sort de l’ordinaire. Premièrement, de par son ton, ses personnages et son univers, ce roman se veut contemporain et son côté underground lui donne cette touche mêlée d’un côté authentique, voire parfois mélancolique qui n’est pas pour me déplaire.

Jennifer Egan traite avec brio l’inéluctable passage du temps, avec ses réussites mais aussi ses échecs et ses désillusions. Ses personnages qui gravitent tous plus ou moins autour de l’industrie du disque sont particulièrement accrocheurs, notamment Bosco ou la jeune Sasha que l’on suivra dans différents moments clés de leurs vies.
Le roman, construit en deux parties, oscille entre passé, présent voir parfois futur proche. Par contre cela prête parfois à confusion tant l’ensemble des personnages se trouve plus ou moins liés en différents moments. Du coup le fait de passer de personnages en personnages tout en changeant d’époques rend le fil conducteur confus. Autre bémol, la partie en PowerPoint, 60 pages pour ne pas dire grand-chose. Dommage tant ce roman aurait mérité un peu plus de profondeur car au final après l’avoir lu il y a de cela un peu plus d’un mois il ne m’en reste plus grand-chose. Des personnages plus fouillés auraient sans conteste apporté un grand plus. Dommage.

Cependant la lecture est très agréable et le style efficace. « Qu'avons-nous fait de nos rêves ? » est un roman pour le moins accrocheur, original et qui mérite d’être découvert.
Un bon Pulitzer.

Sundernono - Nice - 40 ans - 27 mars 2015


Patchwork de vies chiffonnées 6 étoiles

Le livre entremêle les vies de plusieurs personnes de l’adolescence avec ses rêves et ses expériences jusqu’à la vie adulte et ses compromissions, sa réalité une fois installés la routine du couple et les enfants. On s’y perd un peu dans les différents personnages et les époques (des années 70 à maintenant) mais le récit nous donne un aperçu du milieu des groupes de musique et de la création de carrières. Un diaporama agrémente la fin du roman.

Le récit donne à voir une certaine vérité de l’usure des corps et des convictions mais sans nostalgie ni jugement. C’est intéressant, mais pas inoubliable.

IF-0513-4044

Isad - - - ans - 26 mai 2013


belle découverte 8 étoiles

C'est "le quatuor d'Alexandrie" en Angleterre avec une crête sur la tête. C'est bien écrit, bien ficelé. Ça cause efficacement du temps qui passe et des lignes de vie qui se croisent, se rapprochent, se séparent, se recroisent etc.

Ronanvousaime - - 49 ans - 28 décembre 2012