La Part d'Ombre de Alain Magerotte

La Part d'Ombre de Alain Magerotte

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Bruxellois, le 30 septembre 2012 (Inscrit le 10 mai 2010, 78 ans)
La note : 9 étoiles
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Des nouvelles qu'on aime

La lecture d’un livre est souvent conditionnée par l’info préalable qu’on en a reçue. Tantôt il s’agit d’un article favorable dans un magazine, tantôt de la notoriété de l’auteur, tantôt de la connaissance que l’on a d’autres de ses textes.
On aborde donc cette lecture avec une idée préconçue, cataloguant rationnellement l’auteur dans son univers d’écriture.

C’est exactement ce qui s’est passé lorsque j’ai entamé « La part d’ombre » d’Alain Magerotte, dont je lis tous les recueils. Je m’attendais à des nouvelles débridées, peuplées de personnages tellement coutumiers qu’on a l’impression de les avoir côtoyé sur le bus en revenant du boulot. Des aventures policières ou fantastiques enrobées d’un humour caustique et suave à la fois, épicées d’un style à l’américaine (Peter Cheney et Eddie Constantine ne sont pas loin) où les rebondissements s’entrechoquent comme sur les autos tamponneuses (ou les pugilistes) de la foire du Midi.
Et puis, dans ce qui me semblait être des nouvelles bien dans la ligne d’Alain, voici qu’apparaît un style plus mûr, une approche résolument achevée des sujets. Bien sûr, on retrouve les ingrédients initiaux que l’on espérait, l’humour est toujours latent ou à fleur de phrases, mais il y a un plus : l’écriture. Persillée de sous-entendus, d’allusions, de références et plus proche encore de la pensée créative surréaliste belge. On n’est pas loin des textes de Jean Ray, et Harry Dickson tambourine à la porte de bout en bout, même si The Devil in Disguise (entendez : le diable déguisé, référence à une chanson d’Elvis Presley) passe en sourdine au transistor.
L’auteur, professionnellement muri dans le style et la perception de ses personnages, a dès à présent largement dépassé le stade de l’amateur.
Paranoïa est une fleur exotique à l’arôme pénétrant et envoûtant comme un poème de Baudelaire.
Des tics et des T.O.C.S. Vous pousse à l’introspection, un peu comme lorsqu’on lit les symptômes d’une maladie dans un traité de médecine.
Beauf’Blues tinte à l’oreille comme une rengaine mille fois entendue, et qui pourtant vous interroge dans le miroir : Suis-je, moi aussi, comme ça ?
Dans Tu es le diable déguisé, c’est la dualité de l’être qui nous emporte dans un onirisme débridé.
Association étrange. Ou comment les objets influent sur notre quotidien.
Avec La maison, on en revient à la nostalgie, au charme désuet de l’enfance rurale. Pratiquement un réquisitoire contre les méandres douteux de la société moderne.
La cave nous rapproche plus encore de l’atmosphère de Jean Ray. L’aspect surréaliste du rêve et surtout, de son dénouement, rappelle les dédales de Malpertuis.
Que se passe-t-il ? On ne quitte pas l’onirisme dans cette ode à la prédestination, parsemée d’ironie larvée.
Finalement…Sans doute la plus caustique. Celle qui interpelle, même (ou surtout?) par sa brièveté
Demain… peut-être ! Ponctuée par des interventions ironiques de l’auteur, et présentée comme un film muet dans lequel on insère des cartons explicatifs, cette nouvelle mène le lecteur vers une fin qui engendre la… faim de retrouver cet auteur remarquable qu’est devenu Alain Magerotte.

Message de la modération : Editeur amateur – réalisation de la maquette par l’auteur

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