L'infanterie attaque : Enseignement et expériences vécues
de Erwin Rommel

critiqué par JulesRomans, le 24 septembre 2012
(Nantes - 65 ans)


La note:  étoiles
Quand Rommel attaque, planque ta barbaque
Voici un ouvrage extrêmement intéressant à plusieurs titres. Tout d’abord cela tient à son auteur et on cherche à connaître les enseignements qu’il tira de la Première Guerre mondiale pour mieux approcher son action lors de la Seconde Guerre mondiale. Ce qui frappe c'est que Rommel dans le cadre d’une guerre de mouvement en 1914 fait un usage systématique des mitrailleuses, envoie des petits groupes surprendre l’ennemi, et trouve des moyens pour éviter que les tirs de l’artillerie française ne soient suivis d’une hécatombe. On retiendra en particulier cette phrase « À notre premier choc avec les forces françaises, nous ouvrîmes le feu tout de suite, ce qui les amena à se retirer en hâte. J'ai constaté que, dans ces contacts, le succès est au bénéfice du premier qui a pu mettre l'ennemi sous son feu ». Nous trouvons également cette suivante très représentative du contenu des commentaires, elle concerne le combat du 7 septembre dans les bois de Defuy devant Rembercourt-aux-Pots : « Les éléments déployés du 2e bataillon se mirent rapidement à couvert dans le champ de pommes de terre et se protégèrent en s’enterrant. Nous n’avons subi aucune perte malgré un bombardement qui dura une journée. En revanche, la formation serrée d’une compagnie placée en réserve provoqua de fortes pertes du fait de l’artillerie ennemie ». Rommel a gardé les petits croquis des situations de combat, ces derniers étaient reproduits parfois par ce dernier pour un groupe de soldats proche du sien afin que ceux-ci comprennent mieux la situation dans laquelle il se trouvait. Il rédige à partir de ses notes un compte-rendu d’une petite quarantaine d’accrochage en une petite dizaine de pages et il livre en une ou deux pages les enseignements qu’il faut en tirer. Ceux-ci sont facilement identifiables par le lecteur car ils reviennent comme une antienne. Erwin Rommel nous livre là tant une description d’actions que de l’esprit d’offensive qui l’animait dès que les circonstances lui permettaient. Pour l’année 1914 il nous amène du carrefour des frontières belges, luxembourgeoises et françaises aux abords de Verdun, 1916 le voit dans les Vosges avec un régiment de montagne et 1917 l’amène en Roumanie puis Italie. Passé à l’état-major en janvier 1918 il n’a plus l’occasion de livrer directement des combats aussi l’ouvrage s’arrête à cette période. Écrit en 1937 l’ouvrage nous montre en filigrane que Rommel attend l’occasion que se donnera l’Allemagne de repartir en guerre. Cet ouvrage très remarqué par Hitler vaut à son auteur une nette accélération de carrière vers les sommets que l’on connaît. On ne disposait plus de nouvelle édition en français de l'intégralité de cet ouvrage. L'adaptation dans la langue de Molière est faite par le colonel Marc Allorant à partir de l'édition originale.