Cet été-là
de William Trevor

critiqué par Alma, le 24 septembre 2012
( - - ans)


La note:  étoiles
« Un amour hasardeux »
Cet été là , dans les années 50, à Rathmoye, une bourgade d’Irlande où disait-on, il ne se passait jamais rien, on s’étonna de la présence, dans le cimetière, d’un inconnu arrivé à bicyclette et qui prenait des photos au moment où l’on mettait en terre Mrs Connulty, une paroissienne riche et respectable …….

Cet inconnu, Florian Kilderry remarque Ellie, venue à l’inhumation de celle à qui elle apportait chaque semaine des œufs de sa ferme. Deux êtres bien différents : lui, fils aimé de parents artistes qu’il vient de perdre, qui se voit obligé de vendre la maison familiale pour apurer les dettes, qui tente de « museler son amour éternel pour Isabella », sa cousine. Un garçon qui n’a pas encore trouvé sa voie, qui se cherche, s’essaye à la photo, et a décidé de quitter l’Irlande pour la Scandinavie à la fin de l’été.

Elle, c’est Ellie, enfant trouvée élevée par des religieuses, qui a épousé Dillahan, un agriculteur veuf chez qui elle avait travaillé comme gouvernante, un homme bon, un taiseux tourmenté par les circonstances de la mort de sa première épouse. Des regards, une attirance réciproque, quelques mots, beaucoup de silences, puis des rencontres, des promenades, enfin « une amitié que l’été avait presque transformée en idylle ».

Ce n’est pas seulement l’évolution de cette amitié qui alimente le roman, c’est aussi la chronique du village avec toute sa gamme de personnages secondaires qui viendront progressivement prendre leur place dans la trame de l’histoire. L’auteur prend son temps pour installer le cadre, mettre en place les acteurs. C’est également l’évocation du temps qui s’écoule, ( Florian a annoncé son départ pour la fin de l’été ). On sent les semaines d’été qui passent grâce à des touches impressionnistes distillées au long du récit, qui traduisent la transformation de la nature. Une attention est portée aux activités agricoles de Dillahan, aux animaux de la ferme, à ces détails du quotidien d’Ellie dans lequel s’intercalent les rencontres avec Florian et qui donnent toute leur profondeur au roman. C’est enfin l’accent mis sur le rôle du passé, filtre au travers duquel les personnages interprètent le présent, et qui apparaît plus fortement dans le dénouement.

Un roman d’atmosphère, un roman attachant sur une parenthèse pleine de douceur et de sensibilité, dans lequel le personnage masculin « trop gourmand » a cherché à « demander plus que de raison à l’amitié » et a permis « à un amour hasardeux de fleurir »