Oiseaux de nuit de Jef Geeraerts

Oiseaux de nuit de Jef Geeraerts

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 2 décembre 2002 (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 084ème position).
Visites : 3 663  (depuis Novembre 2007)

Rite de passage

Eté 1943.
Carl, 13 ans, passe les vacances d'été à la campagne, chez ses grands-parents, comme chaque année.
Quelle paix royale, comparé à l’année scolaire chez les Jésuites.
Protégé des foudres paternelles par sa mère, il est quand même soulagé lorsque le temps de la villégiature s’annonce.
Mémé et lui s’adorent.
Se respectent.
Se comprennent.
Pépé, lui, c’est différent, mais on voit tout de suite quand il est bien luné ou quand il vaut mieux se tenir à carreaux…
Ces vacances se sont déroulées comme les autres : connivence avec Arthur-le-chat, balades en solitaire dans la nature, virées en vélo, escales chez la fermière pour acheter du lait,…
Sauf pour la fin.
Là, Carl est confronté à quelque chose qu'il ne connaissait pas.
Jos, 14 ans, apparaît dans sa vie.
Tout de suite, les deux garçons se jettent sans bien réfléchir dans cette nouvelle amitié.
Carl, dès le premier jour, rencontre la maman de Jos.
Waouw, quelle femme…
Sensuelle et tout et tout…
Mais l'émotion de Carl n'est rien comparée à celle qui l'étouffera le lendemain lorsqu'il tombera sur la soeur de Jos, Alice, de trois ans son aînée…
Immédiatement, c'est l'amour fou, les premiers émois dans ce qu’ils peuvent avoir d’absolu, de divin, où le moindre baiser vous fait rêver pendant une semaine.
Roman de l’initiation.
Initiation à l’amour, certes, à l'amitié aussi, mais surtout, rite de passage.
Rafraîchissant, ce roman qui nous fait souvent sourire n’est pas niais.
Nos deux larrons voudraient quitter les oripeaux de l’enfance.
Mais la mutation est douloureuse et cela grince aux entournures…
Je m'en voudrais de ne pas parler du style de Jef Geeraerts.
Bien sûr, il s'agit d’une traduction (excellente d'après moi), mais cela ne se sent pas.
Jos n’est pas instruit et a un défaut de prononciation, ce qui donne lieu à des dialogues extrêmement savoureux.
Notamment, il s’emporte régulièrement et prononce des « nondedzu » qui ont l'air de tout sauf de jurons.
D’ailleurs, Jos, adolescent touchant, est le personnage le plus troublant du livre.
Un style « terre à terre » avec de-ci de-là une envolée descriptive.
Des phrases courtes, de longs dialogues.
Et puis, tout à coup, une phrase kilométrique qui nous plonge directement dans l’esprit de Carl.
Seul regret : la fin.
Il y en a une (ce qui n’est déjà pas si mal quand je vois la tendance actuelle) mais elle est comme incomplète et laisse des zones d'ombre.

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Un autre Jef Geeraerts...

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans) - 3 décembre 2002

Le livre critiqué par Saint-Germain me semble vraiment pas mal et plein du charme de l'enfance ou de l'adolescence avec ses premiers émois et ses sentiments absolus. Je n'ai pas lu ce livre, mais j'en ai lu deux autres et c'est vraiment un autre Geeraerts ! Il tient de Céline et de Miller !... Une écriture déliée, foisonnante, débridée, pour des sentiments et des situations qui le sont tout autant dans son livre "Black Venus" publié en 1968 et saisi aussi sec pour pornographie ! J'ai adoré ce bouquin, surtout pour le style d'écriture. Mais il nous parle encore des "nègres congolais"... Il remplit quelques fonctions dans l'ex-Congo belge, il y détourne des fonds aussi, mais il a vraiment pour but premier de profiter des occasions que celles-ci lui donnent pour explorer la sexualité locale d'avant le sida. Un livre qui vaut vraiment la peine, mais n'est pas "Le manuel d'éducation pour les jeunes filles"... La comparaison du mental local et de celui de l'Occident est instructive, ainsi que les luttes au Congo entre la religion et le laïque, les bons Jésuites et les autres. Le tout vu par les noirs... Henry Miller a dit de ce livre qu'il était une formidable explosion de couleurs, de sons et de sentiments primitifs.
J'ai aussi lu "Eté indien" qui est un recueil de nouvelles qui se passent aussi au Congo. "La chasse" une merveille !... Hemingway et Miller réunis !... Sa description de ce qu'est une vraie femme, là-bas, est époustouflante !... Il y laissera la santé ! Et la chasse ne pourra que souffrir de son épuisement physique...
Un sacré bonhomme que Jef Geeraerts ! Un anversois pas comme les autres !...

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