Le socialisme gourmand : Le bien vivre : un nouveau projet politique
de Paul Ariès

critiqué par OC-, le 20 septembre 2012
( - 27 ans)


La note:  étoiles
Pour l'insurrection des existences
Dans son nouveau livre, Paul Ariès dresse le bilan des expériences des socialismes réels, tout en invitant la gauche à se renouveler, à penser autrement, dans le continûment de ses idées sur la décroissance ou l'antiproductivisme de gauche. Ce livre, peut-être, sera un jalon dans l'histoire de la politique et de l'humanité.
Il invite la gauche à cesser d'être une gauche sacrificielle, c'est-à-dire de tout sacrifier pour le grand soir tant attendu, qui se révèle plutôt être des petits matins blêmes, pour la création et la constitution du grand parti révolutionnaire, etc. Il en appelle à une gauche qui, dès maintenant, dès aujourd'hui, tente de créer des bouts de socialisme, de créer du réel; il en appelle donc à un socialisme pratique, qui s'appuie sur les expériences historiques et populaires, comme certaines formes de syndicalisme, le socialisme municipal, l'économie sociale et solidaire; à une gauche qui ne soit plus gestionnaire mais qui promeut l'autogestion, qui comprend que le peuple n'est pas cette assemblée d'assistés/incapables comme essaient de nous faire croire certains (jusqu'à la gauche de la gauche, par exemple Marx...), mais qu'il est déjà le lieu de vies alternatives, d'expérimentations socialistes, la solution étant donc de lui donner les moyens de se gérer. Il propose aussi un socialisme existentiel, qui aurait ses propres dissolvants d'angoisse existentielle (la fête, la beauté, les exercices spirituels, les communs, etc.) remplaçant ceux du capitalisme (compétition, consommation, etc.).
Il en appelle à une gauche qui sache aussi faire silence, et écouter ce qui se passe autour du globe, notamment en Amérique Latin, où l'Equateur et la Bolivie sont en passe de devenir des laboratoires d'un socialisme populaire, démocratique et écologique, avec par exemple le projet Yasuni-ITT ou la déclaration des droits de la Terre-Mère.
Il en appelle à un socialisme moral, parce qu'en ces temps de dérive économique et technoscientifique (inégalités énormes, dégradation des écosystèmes, faim dans le monde, OGM, réchauffement climatique, etc.), nous avons besoin d'éthique, c'est-à-dire de réintroduire des limites, qui ne seront plus religieuses comme auparavant mais socialement et politiquement construites.
Pour finir, il veut aller plus loin que Pierre Rabhi, qui souhaite une insurrection des consciences. Pour Ariès, cela ne suffit pas : ce dont nous avons besoin, c'est d'une insurrection des existences. Car il ne s'agit plus tellement de lutter contre que de lutter pour.