L'ennui. Féconde mélancolie
de Collectif

critiqué par Dirlandaise, le 6 septembre 2012
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Cet éternel ennui
Merveilleux recueil de textes traitant tous du même thème : l’ennui. Les auteurs, au nombre de onze, exercent des professions diverses : philosophe, mathématicien et informaticien, prêtre dominicain, écrivain, physicien, sociologue, linguiste et autres. Chacun traite de l’ennui à sa façon et selon son domaine d’études. Les textes sont tous excessivement intéressants mais certains se démarquent par leur remarquable analyse de ce sentiment humain, si on peut s’exprimer ainsi, qui souvent vient nous visiter alors qu’on aimerait bien ne plus avoir à le subir. Mais fuir l’ennui est souvent inutile car il finit toujours par nous rattraper et alors, il nous plonge parfois dans un état proche du désespoir et de la folie d’où l’importance de bien le connaître et surtout de l’affronter avec courage et lucidité. Ce livre aide grandement à comprendre l’ennui et à ne plus le craindre comme la peste.

Chacun des textes contribue à enrichir notre connaissance du phénomène tant honni qu’est l’ennui. J’ai particulièrement apprécié le texte de F. Thierry-Marie Hamonic, prêtre dominicain, qui est d’une grande richesse et m’a laissé une impression de bien-être et de sérénité. Il écrit sur l’acédie et l’ennui spirituel en s’aidant des textes de saint Thomas d’Aquin. Olivier Cauly, philosophe, analyse l’ennui et le divertissement que constitue la télévision comme palliatif à ce mal qui ronge l’être humain emprisonné dans sa solitude et son angoisse existentiel. Jean-Paul Natali nous pose la question à savoir si les animaux, à l’instar des êtres humains, éprouvent de l’ennui dans leur vie quotidienne. Jean-Francois Gautier, docteur en philosophie, nous propose un texte sur Cioran et la mystique de l’ennui. Jean-Paul Delahaye, mathématicien et informaticien, traite de l’ennui frénétique et Anne Szulmajster-Celnikier, linguiste, analyse l’ennui à travers les langues. Ce sont quelques-uns des auteurs de ce livre remarquablement bien fait et d’une incroyable richesse littéraire, scientifique, spirituelle et humaine. En début de volume, on peut lire un très beau texte de l’écrivain Charles Juliet sur ses années d’enfance et d’études.

Bref, nous avons l’ennui analysé sous toutes ses formes et sous toutes ses coutures. Donc, on peut conclure que l’ennui n’est pas que négatif puisqu’il a inspiré de beaux textes littéraires et incité des scientifiques à se pencher sur lui afin d’en décortiquer toutes les facettes.

Le texte de F. Thierry-Marie Hamonic m’a davantage marquée que les autres par sa profonde spiritualité et son grand pouvoir apaisant et consolateur.

Un livre exceptionnellement riche et d’un grand intérêt autant spirituel, philosophique que scientifique.

« Le chrétien ne saurait se résigner à l’ennui : il y a beaucoup trop à aimer pour qu’il puisse s’offrir un tel luxe ; il se sait beaucoup trop aimé pour consentir à une telle ingratitude. Sans doute, cela ne suffit pas à le prémunir définitivement de l’ennui. Mais lors même que la prière lui paraît pesante, il est au moins une conviction qui le maintient dans son effort spirituel : Dieu ne s’ennui pas quand on le prie, il éprouve même une grande joie lorsqu’on s’adresse à lui… »

F. Thierry-Marie Hamonic