La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis
de Francis Dannemark

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 3 septembre 2012
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Atmosphère chaleureuse
Le dernier né de Francis Dannemark se démarque des précédents par sa longueur : plus de 400 pages, ce n’est pas habituel pour l’auteur qui favorisait jusqu’ici les narrations plutôt courtes. On lui sait gré d’avoir opté pour la version longue : il eût été dommage de nous priver de ces douces pages…

Max vit seul dans une grande demeure qu’il destinait à l’origine à la réalisation d’un vaste projet de maison médicale où le malade aurait eu tous les praticiens sous la main. L’association, après avoir vivoté, s’est soldée par un échec. Max lui-même y a exercé en tant que psychologue. Depuis, suite à un accident, il ne consulte plus vraiment, n’ayant plus qu’une patiente tous les trois mois… Il gagne sa vie en participant à des études statistiques et en supervisant des travaux d’étudiants. Rien de passionnant, quoi…

Mais il y a du peps dans la vie de Max ! Tous les mercredis soirs, se tient chez lui le rituel du ciné-club, animé par Jean-François, son ami d’enfance. Avec soin et amour, Jean-François sélectionne à la fois des extraits marquants de quelques films et un film projeté dans son intégralité devant un public trié sur le volet, composé de quelques amies de Max. Mais ces soirées ne se limitent pas au septième art. Très vite, le rituel s’agrémente d’un petit dîner sans prétention avant la projection. A travers les banalités qu’échangent ces désormais amis, c’est autre chose qui se tisse et qui n’a rien de banal : des liens, vrais. Par petites touches, dans une pudeur magnifique, chacun finit par livrer quelque chose de son intimité. Se dégage de ce groupe d’amis un sentiment d’appartenance lié au fait de compter pour quelqu’un.

En lisant ce livre qui aborde (et qui transcende) le quotidien dans ce qu’il a de plus commun, je n’avais qu’une seule envie : que ce soit mercredi soir, que ce groupe existe vraiment et que je puisse m’y glisser. Car il s’agit d’un livre à atmosphère, d’une bulle chaleureuse (le thé et le feu dans la cheminée, très présents dans le livre, y contribuent), d’une vision (pour une fois) bienveillante de l’être humain : un être humain qui sait profiter des choses simples, qui revient à l’essentiel. Pour moi aussi, quand je lisais ce livre : « avec une élégance teintée de paresse et d’abandon, le temps s’arrêta »…