Rose Brouillard, le film de Jean-François Caron

Rose Brouillard, le film de Jean-François Caron

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 27 août 2012 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 8 étoiles
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Habiter une île déserte

L’auteur restitue la vie de l’unique famille d’une île désertée en aval d’un fleuve aux allures de mer. Surnommée l’île du Veilleur, elle fut habitée par Onile Brouillard, « le papa » de l’œuvre, celui qui portait secours aux victimes de la furie des flots. Marié à Marie, promise à quelqu’un d’autre, il l’a arrachée à sa destinée pour quelques piastres (dollars) à Sainte-Marée de l’Incantation, un village de la côte. De cette union est née Rose, une enfant élevée par un père devenu tragiquement veuf peu de temps après la naissance de sa fille.

Le roman examine les liens de ce tandem, des liens tissés étroitement par des silences éloquents. Rose peut compter sur un père de peu de mots, mais sa bienveillance se substitue à l’absence du verbe. L’environnement austère a scellé la relation père-fille. La mer a présidé au déroulement de leur vie. Une vie soumise aux vents du large, une vie close par aucun horizon, une vie ouverte sur le monde que Rose pourrait parcourir si des ponts reliaient toutes les îles. Les murs ne cloisonnent pas le père et sa fille. Ils vivent du vent, qui entraîne leur esprit en tout sens. Vent menaçant d’une mer que des femmes conjurent par des incantations afin d’échapper au drame de l’Oceano nox de Victor Hugo.

Ce tableau est brossé par Dorothée, une cinéaste d’origine haïtienne. Elle a reçu la mission de tourner un film sur la survivante de cette île perdue afin d’attirer le tourisme dans la région. Souffrant d’un déficit mnésique, Rose habite maintenant à Montréal. La cinéaste croit que sa mémoire sera stimulée si elle la remmène dans son île.

Ce voyage structure le roman. Comme pour un chant choral, Jean-François Caron a regroupé les personnages les plus susceptibles de rallumer le brasier d’une vie qui se consume dans la nuit des temps. Identifiés par une didascalie, les interprètes harmonisent leurs voix pour honorer des gens, dont l’île est comme « un mot échappé » que l’on veut sauver des oubliettes.

Bref, Jean-François Caron a ciselé une œuvre cernée d’une aura poétique, qui plonge le lecteur dans l’admiration pendant ce voyage au bout d’un fleuve camouflant, dans le brouillard, le coeur palpitant des insulaires.

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