Mari et femme
de W. Wilkie Collins

critiqué par Mandarine, le 23 août 2012
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Un petit bijou à déguster en prenant son temps !
Quelques mots très rapides sur Wilkie collins:
Wilkie Collins (8 janvier 1824 – 23 septembre 1889) est un écrivain britannique de l'époque victorienne et est un grand ami de Charles Dickens. Il est un des précurseurs du roman policier et du roman à suspense.

"Mari et femme" est un livre de plus de 650 pages qui a été publié en 1870. Wilkie Collins s'attaque ouvertement à la société de cette époque, le rôle social des femmes, leur courage, les difficultés qu'elles peuvent rencontrer et leur mince pouvoir de décision concernant leur propre vie et en face le pouvoir illimité des hommes, les aberrations de la loi écossaise concernant le mariage. Mais Wilkie Collins s'en prend aussi à des sujets plus légers comme quel pourrait être la part du sport dans une vie équilibrée ?

Et les femmes dans l'œuvre de Collins ont une place non négligeable ; elles sont plus qu'intéressantes même si elles restent quand même typique de l'Angleterre de fin XIXème (je pense au personnage de Blanche qui reste un peu simplette... mais cependant attachante). Anne Sylvestre, elle, est le personnage fort de ce livre ; elle est intelligente, réfléchie et terriblement malheureuse. Il n'y aura que son courage et sa ténacité qui la sortiront de sa situation.
Encore beaucoup d'autres personnages qui ont chacun un rôle bien précis. L'histoire est complexe mais facile à suivre tout au long de ce livre qui se déguste !

Avant ce livre j'avais lu la pierre de lune et la dame en blanc (que je recommande également), mais mon plaisir reste intact avec ce dernier livre de Wilkie Collins.
Mariages à l'écossaise! 8 étoiles

Avec cet épais roman – 750 pages je vous prie ! – Wilkie Collins signe une œuvre très féministe. Le récit tourne en effet autour du mariage malheureux : qu’il soit forcé, mal assorti, intéressé, rompu, menacé ou simplement dissous par la mort, tous les personnages du livre en font l’amère expérience.

Aidé par l’avocat Delamayn, Mr Vanborough délaisse sa femme en prétextant que leur mariage n’est pas légalement valable. Ainsi, après des années de vie commune, Mrs Vanborough est abandonnée par son mari qui épouse un meilleur parti. Mais le destin s’acharne aussi sur les descendants des protagonistes lorsque Anne Silvester, fille des Vanborough, est séduite par Geoffrey Delamayn.

Wilkie Collins s’insurge ici contre la législation matrimoniale de son pays. En Ecosse, au XIXème siècle, l’ambiguïté de la loi est telle que deux personnes peuvent se retrouver mariées sans même le savoir ! L’auteur part de ce constat étonnant (mais authentique) pour imaginer toute une série de malentendus et d’impostures.
Le personnage d’Hester Dethridge lui permet de dénoncer également la violence conjugale et l’inertie de la loi face à la détresse des épouses.
Quant à Geoffrey Delamayn, il incarne une Angleterre détestable aux yeux de l’auteur: un pays livré à la culture physique, qui perd tout raffinement et toute vertu morale au profit du sport.

« Mari et femme » est donc un livre clairement engagé dans son époque ; mais cela ne nuit pas au suspense qu’affectionne tant Wilkie Collins. Comme toujours chez cet auteur, l’intrigue est riche en rebondissements et sombre à souhait: meurtres et vengeances, enquêtes et trahisons sont au rendez-vous. Mais rassurez-vous, tout cela finira par un double mariage réussi!

J’ai beaucoup aimé l’atmosphère victorienne, ainsi que la galerie de personnages soigneusement brossée par Collins. Un roman agréable et entraînant, à mi-chemin entre la critique sociale et le thriller.

Pierrequiroule - Paris - 43 ans - 26 novembre 2012